Page 37 - Marsanne Résidence comtale
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LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS
ET LE ROYAUME DE FRANCE
La succession du dernier comte de Valentinois, Louis de Poitiers, se place dans le
contexte de la guerre de Cent Ans, soixante ans après le rattachement du Dauphiné au
royaume de France par Humbert II, dernier Dauphin indépendant, en 1349.
Comme Humbert, Louis de Poitiers n’avait pas d’enfant légitime. Aussi, dès 1393, avait-il
souhaité transmettre son petit état au roi de France, dont il était vassal pour ses domaines
du Vivarais depuis bien longtemps. Une première convention avait été signée en 1404 entre
lui et le roi de France. Son testament de 1419 en précisait les modalités, mais ce texte avait
contre lui de nombreux opposants.
Plusieurs forces politiques étaient alors en présence pour entraver les dernières
volontés du comte Louis, afin de se mettre en possession de ses domaines. En premier lieu,
deux de ses cousins se considéraient comme ses héritiers légitimes : Jean de Poitiers, évêque
de Valence, et son frère Louis, seigneur de Saint-Vallier, qui l’avaient déjà séquestré à ce sujet
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dans son château de Grâne pendant deux longues semaines trois ans auparavant .
Il y avait aussi le pape, qui souhaitait agrandir ses états du Comtat Venaissin vers
le nord. Le plus dangereux était Amédée, duc de Savoie, alors allié au duc de Bourgogne,
ennemi du roi de France aux côtés des Anglais.
Or, les clauses mêmes du testament du comte Louis de Poitiers en faveur du Dauphin
Charles, fils du roi Charles VI, étaient très difficiles à tenir pour la couronne française. En effet,
le comte Louis chargeait Charles de terminer le procès intenté à ses cousins, et, à défaut, lui
substituait Amédée, duc de Savoie et, après lui, le pape. On imagine bien que ces dispositions
furent source de complications juridiques extrêmes.
Le passage définitif au royaume de France s’est fait après une guerre avec la maison de
Savoie, une de ses conséquences étant qu’une partie des archives des comtes de Valentinois
sont encore conservées à Turin, à ce jour. Plusieurs épisodes de cette guerre se déroulèrent
dans notre région.
Le plus célèbre est probablement la bataille d’Anthon, dans les marais de Janneyrias,
en nord Isère. Elle fut gagnée, en 1430, par les Dauphinois, contre une coalition du prince
d’Orange et du duc de Savoie, ce qui permit au Dauphiné de rester rattaché au royaume
de France. Toutefois, le comté de Valentinois et de Diois ne fut définitivement rattaché au
Dauphiné – et donc à la France – qu’en 1446, une génération après la mort du dernier comte.
Plus tard, une partie de ce comté de Valentinois et de Diois fut érigé en duché de
Valentinois, par ordre royal, pour être confié à différents personnages, cela à trois reprises. Ce
fut d’abord, très brièvement, par Louis XII, en faveur de César Borgia, fils du pape Alexandre VI
et époux de Charlotte d’Albret, entre 1498 et 1504.
1 - Voir Robert Serre, L’attentat de Grâne, dans son ouvrage, Grâne, histoire d’un village du Val de Drôme, tome I :
des origines à 1800, Crest, 1992, 256 pages.
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