Page 32 - Marsanne Résidence comtale
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MARSANNE VILLE COMTALE MÉDIÉVALE




                  AU XIII  SIÈCLE, LA CROISADE CONTRE LES
                             E
                  ALBIGEOIS, UNE RUPTURE



                        L’alliance d’Adhémar de Poitiers avec le comte de Toulouse a pesé un grand poids
                  dans le conflit d’importance internationale qu’on appelle communément Croisade contre
                  les Albigeois. Ce fut une guerre menée entre les puissances territoriales qui se partageaient
                  le Midi de la France, sous la haute autorité du pape de Rome, à une époque de déclin du
                  pouvoir impérial.

                        Le prétexte de ce conflit fut la volonté d’éradication d’une hérésie qu’auraient favorisé
                  les seigneurs du Languedoc. Dans la moyenne vallée du Rhône, plusieurs épisodes guerriers
                  ont opposé, à l’intérieur d’une même famille, des personnages devenus ennemis, par exemple
                  les deux héritiers de la seigneurie de Montélimar : Géraud Adhémar de Monteil, seigneur de
                  Rochemaure, et Lambert de Monteil, seigneur de La Garde Adhémar. Dans la famille des
                  comtes de Valentinois, le conflit opposa père et fils.

                        Adhémar de Poitiers et Philippa de Fay n’ont eu qu’un seul fils, dénommé Guillaume
                  comme son grand-père. Le jour même de sa naissance, soit le 31 janvier 1201, sa mère a
                  confirmé, à Baix, la donation faite par son père d’une terre appelée Champ-Rond, aux
                  religieux de Rompon, dans leur église, « pour que Dieu conserve la vie à son fils Guillaume
                  et pour qu’il puisse travailler à sa gloire et au bien de l’église ». On imagine la chevauchée
                  du comte entre son château de Baix et le prieuré avec la joie de l’heureuse naissance d’un
                  héritier masculin !

                        La Chanson de la Croisade albigeoise, long poème épique, montre Adhémar de Poitiers
                  prendre part au conflit, d’abord du côté des croisés, comme le comte de Toulouse, en 1209,
                  mais, lorsque cette armée s’attaque au comte de Toulouse, il reste fidèle à son suzerain. Il
                  est donc présent, dès 1216, avec son jeune fils Guillaume, parmi les partisans de Raymond,
                  aux côtés, entre autres, d’un des seigneurs de Montélimar, Géraud Adhémar qui a épousé sa
                  soeur Rixende, et de leur fils.

                        En retour, Simon de Monfort entreprend une campagne de représailles. L’été suivant, il
                  met le siège devant Montélimar et devant Crest. Montélimar lui est livré par Lambert, l’autre
                  coseigneur, et la ville de Crest, par l’évêque de Die. Adhémar de Poitiers fait alors une trêve
                  avec Simon de Monfort avec promesse de mariage entre Amicie, la fille de Simon, et son fils
                  Guillaume, promesse rendue caduque par la mort de Simon au siège de Toulouse, peu de
                  temps après. Le vieux comte Raymond de Toulouse meurt en 1222 et son fils Raymond lui
                  succède.
                        Adhémar de Poitiers avait permis à Guillaume de porter le titre de comte de
                  Valentinois, probablement lorsqu’il épousa Flotte de Royans. Elle était l’unique héritière
                  d’un seigneur appelé Ossasicca, nom curieux traduisible, peut-être, par « Bouche Sèche »,
                  ou même par « Sac d’Os » ! Ce nom a été porté plus tard par les seigneurs de la Roche-des-
                  Arnauds, les Flotte, les plus lointains vassaux orientaux des comtes de Valentinois.







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