Page 3 - Marsanne Résidence comtale
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LE COMTE DE MARSANNE :
UNE LÉGENDE NÉE AU MOYEN ÂGE ?
À la fin du Moyen Âge, il y a près de 600 ans, les habitants de Marsanne revendiquaient
fièrement son rôle antérieur de capitale de comté : ils l’affirmèrent par écrit devant les
commissaires du roi de France venus prendre possession de la seigneurie, après le décès du
dernier comte de Valentinois. En effet, le parchemin daté de 1426 sur lequel est transcrit en
latin le procès-verbal – de ce qui dut être perçu comme un changement politique majeur –
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porte une phrase péremptoire :
LE CHEF-LIEU DE MARSANNE A ÉTÉ AUTREFOIS LA CAPITALE DES COMTES
qui antiquitus fuit caput comitatium
Les comtés dont il est question ayant porté le nom de comté de Valentinois et/ou de
Diois durant toute la durée du Moyen Âge, doit-on considérer cette affirmation pour autre
chose qu’une manifestation de chauvinisme ? En effet, ces circonscriptions administratives,
longtemps associées, tenaient leurs noms de leurs capitales, Valence et Die, toutes deux des
villes nées à l’époque romaine et qui avaient obtenu du pouvoir impérial le rang de chef-lieu
de cité.
Toutefois l’origine de la famille des comtes de Valentinois est environnée d’obscurité
que les historiens peinent à dissiper. La filiation de son premier représentant Guillaume, reste
une hypothèse, tout comme est floue la carte du territoire sur lequel il fondait son pouvoir.
Pour rajouter à la confusion, Guillaume a adopté le surnom de Poitiers, surnom devenu le
patronyme héréditaire de ses descendants.
Ce nom de famille a donné lieu à des rapprochements trop faciles avec la lignée
plus connue des comtes du Poitou, pourtant tout à fait étrangère à la région. Après
le rattachement du comté réuni de Valentinois et de Diois à la couronne de France, ces
hypothèses généalogiques devinrent des certitudes lorsque la dernière représentante de
cette famille, Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, acquit une certaine célébrité au début
du XVI siècle.
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Rechercher les motivations qui ont présidé à la rédaction de cette formule étonnante
oblige à reconstituer une sorte d’histoire parallèle, un « itinéraire bis » susceptible de nous
conduire jusqu’au cœur du Moyen Âge. C’est à travers le peu de textes à notre disposition
que nous pourrons donner quelque crédit à cette formule.
1 - Archives communales de Marsanne (AA1) cliché Jean-Raymond Delahaye.
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