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C'était hier

                                             1789-1989... Révolution oblige !


                            Révolution à Marsanne bien sûr, ou plutôt, période révolutionnaire
                                   telle qu'elle m'est apparue à travers ses traces écrites


                      Considérée  dans  son  ensemble  national,  "la  Révolution  n'a  pas  fini  de  poser  des
               questions. Révolutions ou Révolution ? (...) Complot maçonnique ou élan populaire contre les
               privilèges ? Action concertée ou dérapages successifs ? (...) Doit-on l'accuser de génocide ou
               la créditer de la libération des peuples d'Europe ?" (1)

                      En  tant  que  communauté  paysanne  relativement  épargnée,  Marsanne  sut  vivre  cette
               période troublée en toute absence de violence physique. Appliquant à la lettre (et parfois assez
               naïvement)  tout  ordre  légale  émanant  de  l'Assemblée  Nationale,  on  y  vit,  sans  heurts,  les
               droits  seigneuriaux  définitivement  abolis,  les  biens,  déclarés  nationaux  rachetés  par  des
               paysans  ou  bourgeois  locaux,  et  le  calme  investir  cette  communauté  devenue  fièrement
               commune, puis chef-lieu du canton portant son nom.
                      Pourquoi  cet  état  de  choses,  alors  que  le  sang  coulait  ailleurs  et  que  des  têtes  de
               promenaient à la cime des piques ? Sans doute parce que, depuis des siècles, les Marsannais
               particulièrement  épris  de  libertés,  avaient  su  défendre    les  leurs,  et  qu'à  la  veille  de  la
               Révolution  il  ne  leur  restait  que  peu  de  revendications  à  soutenir.  Sans  doute  aussi,  parce
               qu'ils surent se montrer assez tolérants, assez habiles et sages pour réussir à sauver la face,
               sans jamais entrer dans le sanglant tourbillon.

                                  Qu'était Marsanne en cette période prérévolutionnaire ?

                      C'était  une  communauté  de  1  036  habitants  (Déclaraion  du  24  janvier  1771,  Arch.
               Mun.) gérée par deux consuls assistés de 12 conseillers élus tous les quatre ans. Auprès d'eux,
               exerçait un châtelain au pouvoir devenu dérisoire, chargé initialement de défendre les intérêts
               du seigneur face à ceux de la communauté, et investi d'un rôle de basse justice.
                      La communauté dépendait directement de l'Election de Montélimar ayant à sa tête un
               subdélégué  nommé  par  le  roi,  et  qui  dépendait  à  son  tour  du  Gouvernement  du  Dauphiné,
               siégeant  à  Grenoble.  Le  Dauphiné  était  Pays  d'Etat,  c'est-à-dire  province  privilégiée.  Les
               limites territoriales communautaires étaient sensiblement celles d'aujourd'hui. Fixées dès 1332
               avec  Saint-Gervais,  et  1595  avec  Bonlieu,  longtemps  contestées  au  niveau  de  la  montagne
               avec Grâne, Condillac, La Laupie, elles avaient été définitivement adoptées à partir de 1680
               par l'enregistrement de l'acte de "donation" de la montagne, puis en 1736, par les dernières
               transactions avec Grâne.
                      Les biens communaux comprenaient  (Inventaire Lacroix, Marsanne E) :
               - Une montagne donnée en 1354 par Eymar de Poitiers. Un "chazal (maison ruiniforme) avec
               un puits", situés  en  "Costefreide",  c'est-à-dire côte froide, à l'intérieur des remparts, face  à
               Fresneau.
               - La maison curiale acquise en 1666 pour 225 livres.
               -  Une  maison  commune,  achetée  150  livres  le  14  février  1712  pour  y  loger  les  pauvres,
               l'hôpital ayant été supprimé en 1700 après décision royale, et sa maison vendue 160 livres.
               - Enfin, la maison dite de St Claude, servant de "mairie", mais aussi de chapelle.

                      Le dernier "Rolle" de la taille royale daté du 27 novembre 1788 (Arch. Dép., Dépôt E.
               72) fait état des charges de la communauté pour l'année 1788.
               Les voici énumérées :
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