Page 43 - Marsanne Résidence comtale

Nos historiens du Moyen Âge central ont regrettablement négligé un fait social
important, l’hypergamie des héritiers masculins, ces derniers épousant assez fréquemment
une femme d’un rang social supérieur au leur. Dès lors, la tradition recueillie au quinzième
siècle pourrait bien refléter un fait historique : la mère du premier comte de Valentinois
aurait été la sœur de l’évêque et comte Eustache et, héritière du titre de son frère, elle
l’aurait transmis à son fils.
Peu au fait de ces usages de société médiévale, les historiens locaux ont sous-
estimé l’intérêt des rares actes documentant les premiers temps de l’abbaye de moniales
cisterciennes de Bonlieu. Il est vrai qu’il s’agit de textes fragmentaires, produits à partir du
e
XV siècle, lors de procès entre les habitants de Bonlieu et les abbés cisterciens qui avaient
succédé aux religieuses.

Pourtant, il y est expressément dit que Guillaume de Poitiers et son frère Eustache
avaient fondé l’abbaye en 1171 pour leur mère. Celle-ci serait donc cette comtesse de
Marsanne, dont on conservait encore le souvenir dans tout le comté au quinzième siècle.
Elle serait assurément un véritable personnage historique, à la différence de la fée Mélusine,
ancêtre honorée par la famille de Lusignan.

1426, cérémonie de remise des clefs de la ville de Marsanne au Roi Dauphin, héritier de Louis de
Poitiers, parchemin AA 1, Archives municipales de Marsanne (photo J.-R. Delahaye, 2023)

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