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Malgré ses blessures, cet ensemble tout en plein cintre est imposant par son harmonieux équilibre
et sa grande sobriété. Il nous permet encore aujourd'hui de l'imaginer tel qu'à son origine, c'est-à-
dire roman dans toute la simplicité locale, mais déjà imprégné de l'esprit gothique par l'importante
hauteur de sa voûte et l'ouverture au sud-ouest d'une vaste fenêtre répandant la lumière divine.
Sur la terre des Adhémar, cet édifice semble bien s'inscrire parmi les édifices de style roman
provençal (5) rhodanien tardif que Monsieur Rouquette (1) situe entre Montélimar et la mer, et dont
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l'épanouissement au 13 siècle est sans conteste.
Invisible de l'entrée, une chapelle gothique occupe la base du clocher (3,90 x 9,95 m). Elle
communique avec la nef par une robuste et noble ouverture en arc brisé qui s'inscrit parfaitement
dans l'ancienne arcade aveugle dont elle a pris la place. Sa voûte est faite de quatre voûtains (18)
sur une croisée d'ogives (19). La clef de forme circulaire s'orne du monogramme I.H.S. qui, depuis
le Moyen-âge, signifie "Jesus Hominum Salvator" (Jésus Sauveur des Hommes) (20). Des marques
de compagnons gravées sur les pierres de l'ouverture témoignent de la qualité de l'ouvrage. Une
porte latérale, en arc brisé, s'ouvrait directement sur l'extérieur. Elle fut fermée par un remplissage,
éclairée d'une petite fenêtre et percée d'une porte étroite. Sur les parois intérieures, on relève les
traces noires d'une litre funéraire (21) qui se prolong aussi dans la nef. Sur les voûtains, deux trous
de passage des cordes témoignent de l'existence de deux cloches dans le clocher. Les plus
anciennes, détruites par les guerres de religion, furent remplacées en 1656 par des nouvelles,
fondues à leur tour pendant la Révolution.
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On pense volontiers que cette chapelle date du début du 16 siècle, tout comme la grande fenêtre en
arc brisé qui lui fait face.