Page 287 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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- LES PIERRES -
Avec elles, j'ai rencontré l'inconnu, puisqu'aucune étude descriptive ne semble avoir été publiée
jusqu'ici. Restaient à réaliser l'observation patiente des lieux, les lentes investigations à travers
l'histoire de l'architecture régionale. Pas à pas, de doutes en certitudes, de suppositions en
évidences, je fus progressivement amenée à penser ce qui suit.
Dressé en haut de sa colline, et d'aussi loin qu'on puisse le voir, Saint-Félix apparaît comme
l'ensemble harmonieux d'une église et de son clocher. Sa noble silhouette, si souvent admirée sur
fond de ciel méditerranéen, laisse supposer un édifice homogène, conçu tout d'une pièce. Pourtant,
si on l'aborde par le nord, en le surplombant, on est vite obligé de constater son évidente
complexité à travers des techniques, des styles et des époques différentes.
Partant de là, nombreuses furent mes interrogations et mes recherches. Une aide précieuse me fut
apportée par les avis éminemment éclairés de Patricia Carlier, docteur de l'Université d'Aix-
Marseille, de Michèle bois, archéologues dévouées, et de Frédéric Morin, architecte. Je tiens à les
remercier très chaleureusement. Naquit alors la certitude que devait être considérés séparément
l'église et son clocher, la fonction première de celui-ci, dans ses fondations, étant apparue plus
défensive que religieuse.
L'EGLISE
Au pied du vieux château, bien ancrée sur un ressaut de terrain dont elle occupe entièrement la
surface tout en épousant les différences de niveau entre amont et aval, orientée nord-est/sud-ouest,
avec sa porte vers le couchant, l'église Saint-Félix domine le vieux bourg, à l'abri des remparts.
- A L'EXTERIEUR : La façade nord-ouest, la mieux conservée, témoigne des caractères de
l'ensemble. Elle est faite d'un appareil (8) très régulier de petites pierres taillées qui est aussi celui
de l'abside. Aux angles, de plus grosses pierres assemblées en besace (9) assurent une solide liaison
entre les murs.
Au sud-ouest s'ouvre la porte en plein cintre, faite uniquement de claveaux (10) disposés à peu près
symétriquement par rapport à la clef (11). Elle est surmontée d'une haute ouverture en plein cintre
aussi, touchant presqu'au faîte, et dont l'ébrasement (12) dévie curieusement vers le sud, défiant
l'axe de symétrie habituel, afin de capter plus longuement les rayons de soleil. Des boulins (13)
s'alignent au-dessus de la porte. Ils témoignent, en compagnie de deux piliers qui leur font face, de
l'existence d'un porche à charpente de bois où l'on pouvait s'abriter hors des heures d'offices, lire
des affiches, s'informer des problèmes du jour.
La grande façade sud-est, fortement étayée à l'angle sud par un très volumineux contrefort, compte
trois fenêtres dont deux en plein cintre. L'une, en très bon état, montre un solide assemblage de
pierres taillées autour d'une étroite ouverture avec large ébrasement à l'intérieur. L'autre, obturée
par une partie du contrefort, demeure visible dans la nef. Presqu'aussi étroite qu'une archère (14),
ce genre de fenêtre romane diffusait abondamment la lumière grâce à son ébrasement. La troisième
ouverture, la plus proche du chœur, a visiblement installé son arc brisé, bien excentriquement sous
l'arcature aveugle (15), là où, à l'origine, devait s'ouvrir une troisième fenêtre romane semblable
aux deux premières. Elle surplombe une ouverture Renaissance actuellement bouchée.
- A L'INTERIEUR : La nef unique mesure 18,20 m de long et 5,50 m de large. Elle était couverte
d'une voûte romane en berceau supportée par des murs de moyen appareil, renforcés à droite
comme à gauche par trois arcatures aveugles parfaitement symétriques.
L'abside semi-circulaire, voûtée en cul-de-four (16) par un bel assemblage de pierres que souligne
un bandeau (17) très simple, porte la trace d'une fenêtre romane latérale, ouverte au sud-est.