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SAINT-FELIX DE SES ORIGINES A NOS JOURS
- LES ECRITS -
"Un voile épais nous cache l'origine de Saint-Félix..." dit encore l'abbé Vincent. Aucun écrit, en
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effet, ne nous a permis jusqu'ici d'en connaître la naissance. Nous savons seulement qu'au 13 siècle
l'ordre de l'Abbaye du Saint-Thiers de Saoû possédait bon nombre de prieurés tels que Marsanne,
Roynac, Puy-Saint-Martin, Cléon, Auriples, Chabrillan, Mirmande (é). De la congrégation des
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Augustins (dont certains situent l'installation à Saoû au 9 siècle), ces religieux défrichèrent les
forêts, cultivèrent la terre et devinrent propriétaires de très importants domaines, entre la Drôme et
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le Rhône. Les 12 et 13 siècles (date de la création de l'ordre) marquent l'époque de leur grande
puissance, tombée en pleine décadence deux siècles plus tard. Sont-ils les bâtisseurs de Saint-Félix
? Tout porte à le croire, mais les archives de l'abbaye de Saoû ont totalement disparu, et c'est bien
regrettable pour l'histoire de Marsanne dont les trois prieurés Saint-Félix, Saint-Martin et Saint-
Laurent de Meyras dépendaient.
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Au 14 siècle, selon Lacroix, le pouillé (3) donnant le chiffre des impositions annuelles sur
les revenus du clergé, révèle la situation suivante à Marsanne (4) :
Prieuré Saint-Martin 70 livres
Prieuré Saint-Laurent de Meyras 15 livres
Le chapelain de Marsanne néant
Ceci semble prouver qu'à cette époque le prieuré de Saint-Félix était converti en un bénéfice
desservi par un chapelain.
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Pour les 15 et 16 siècles, les archives communales témoignent de l'importance de Saint-
Félix, devenu église paroissiale, flanquée de son cimetière (v. Bulletin des Amis du Vieux
Marsanne N° 12, de 1991). Mais elles témoignent aussi des sinistres ravages causés, à deux
reprises, par les guerres de religion. (v. Bulletin N° 16, de 1998).
En 1603, au cours d'une tournée épiscopale, l'évêque de Valence le décrit : "Une esglize
parrochiale sous le vocable de Saint-Félix, descouverte, sans hostel, cloches, fons baptismales ne
ornements" (1). Il donna l'ordre de le remettre en état dans les six mois. Mais, en 1613, l'autel
restait inachevé, les ouvertures sans vitres, le clocher sans cloches, la nef sans fonts baptismaux.
Tout paraît ensuite rentrer dans l'ordre, puisqu'en 1640, "Alphonse de la Baume, fils de la Baume
juge royal et épiscopal de Grenoble, se qualifiait de Prieur de Saint-Martin et de Saint-Félix.
Pierre de la Baume lui succéda vers 1647, ce qui prouve l'importance des revenus d'un bénéfice
aussi recherché par des fils de famille." (6)
En 1712, les prieurés passèrent aux mains des chanoines de Saint-Ruf de Valence pour une triste
période de procès.
Enfin, en 1730, ils furent unis au séminaire de Valence. Dès lors, les prieurs ne résident plus
à Marsanne et ne recherchent que leur propre intérêt. La population s'en plaint fréquemment :
"Tantôt les curés ne remplissaient plus leur devoir de façon satisfaisante, tantôt il fallait obtenir
soit un vicaire, soit des réparations au chœur des églises et messieurs les prieurs montraient un
empressement si peu désintéressé que la population plaidait contre eux et leur résistait avec
énergie." (7)
Dès lors Saint-Félix nécessita sans cesse des réparations. Son accès difficile en hiver fit
transférer le service religieux à la chapelle Saint-Claude, au centre du bourg, et en 1734, notre
prieuré fut interdit momentanément pour insécurité. En 1788, des réparations permirent encore la
célébration d'offices jusqu'à l'interdiction du culte catholique par Robespierre en décembre 1793.
La Fête de l'Etre Suprême y fut ordonnée en grandes pompes le 8 juin 1794. Le concordat de 1801
permit à notre église de retrouver un temps ses activités paroissiales.
En 1830, la voûte de la nef s'effondra. Le glas de l'agonie sonnait pour Saint-Félix.
Depuis, le temps accomplit son œuvre, le vandalisme aussi, et les plus belles pierres, celles des
arcatures, des encadrements de fenêtre, ont en partie disparu.