Page 203 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Des procès-verbaux nous le prouvent, en même temps qu'ils rappellent l'existence des vieilles bornes de
pierre. Ils précisent qu'elles sont marquées de "Double Croix", celle que le peuple appelle "eichagnié"
(5), et qui est le signe de la communauté de "Marsane" (6). Ils précisent aussi que l'une des anciennes
limites s'appelle la "Pierre Sanglante", nous révélant ainsi le rôle historique joué par cette pierre depuis
plus de sept siècles, c'est-à-dire un rôle de limite intercommunautaire pour se définir à la fois comme :
Limite singulière où le bloc géant sert de borne, de lieu-dit et point de repère universel
Limite suffisamment prestigieuse ou symbolique pour que de puissants personnages s'y soient
rassemblés pour signer un acte décisif.
Limite enfin, immuable et incontestée, à laquelle les hommes de loi feront référence au long des
nombreux litiges qui agitèrent nos frontières intercommunales jusqu'à nos jours.
Voici donc évoquées l'antique légende et l'histoire véridique de notre pierre tachée de rouge, mais
l'aventure ne s'arrête pas là, car le mystère originel demeure. Il continue de susciter recherches ou rêves
nouveaux.
Des études récentes du cadastre Romain d'Orange (7) ont fixé l'extension de celui-ci jusqu'aux reliefs de
Marsanne et de Puy-Saint-Martin.
Or, la "Pierre Sanglante" domine ces reliefs. Aurait-elle déjà marqué une limite territoriale au temps des
Romains ? C'est l'empirique question qui commence à se poser.
Risque-t-elle d'inspirer la recherche ou d'enflammer la fiction ? "Wait and see"
Attendre et voir, comme disent les Anglais
(3) Archives Municipales de Marsanne, AM, FF1
(4) AM, FF9
(5) Ecriture phonétique d'une expression appartenant au langage local : "ei chagnié", qu'on peut traduire
par : "c'est le signe"
(6) Orthographe de l'époque
(7) Cadastre découvert à Orange en 1949. Exemple unique dans le monde romain, il fait l'objet de
savantes recherches (Etudes Drômoises N4, 1991, "Le cadastre B d'Orange et la cité des Triscastins", V.
Bel et T. Odiot