Page 198 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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QUE TROUVAIT-ON DANS NOS EPICERIES D'ANTAN

            Il s'agissait de magasins miraculeux, on y trouvait de tout. Les enfants y allaient souvent chercher deux
            sous de bonbons anglais, de pastilles de menthe ou de boules de gomme. Après les années 50, nous y
            achetions les bonbons et les sucettes du Pierrot Gourmand, les caramels à 1 franc, les barres de caramel
            (les fameux "Carambars" à 5 francs), les roudoudous, la poucre de coco, les rouleaux de réglisse, etc.

            Chaque épicerie avait ses bocaux de bonbons, les enfants en mangeaient moins que maintenant, mais
            malgré tout...
            Souvent,  était  réservé  un  bocal  avec  des  sucreries  que  l'on  donnait  aux  bambins  sages  qui
            accompagnaient leur maman. Ces dernières s'approvisionnaient en sel, café, fil DMC, cirage Lion Noir,
            bougies, pétrole, vermicelles ou pâtes langues d'oiseaux, allumettes en grosses boîtes de carton jaunâtre
            avec du papier de verre sur le côté, etc., et il y a les denrées qu'on oublie, qui ne font plus partie de la vie
            d'aujourd'hui.

            Entre les deux guerres, le café constituait un breuvage très apprécié, même dans les familles modestes.
            Dans  les  années  1920-30,  les  gens  prenaient  100  grammes  de  café,  "on  n'achetait  pas  comme
            maintenant".
            Il y avait celui du Caïffa qui passait de ferme en ferme, celui de l'épicier qui brûlait lui-même son café
            devant sa boutique, une fois par semaine. L'épicerie PETIT a perpétué cette tradition jusque dans les
            années  1968-69.  Le  brûloir  était  sorti,  on  y  mettait  le  café  vert  et  un  merveilleux  parfum  de  café
            envahissait tout le quartier.

            Et le savon de Marseille ! On l'achetait par barre de cinq kilos, on le plaçait sur la cheminée de la cuisine
            ou sur l'armoire pour qu'il devienne sec et dur. Au moment de s'en servir, on le coupait avec un fin fil de
            fer. Quelques années plus tard, il y eut le choix de la grosseur des morceaux de savon : 500 g, 600 g, et 1
            kg. Ils étaient conditionnés souvent par paquets de six "au moment de la réclame chez B..., on en prenait
            dix paquets".
                                                                                                    e
            Ces réclames en étaient à leurs balbutiements, comparées aux publicités de cette fin de 20  siècle. Mais
            elles faisaient le succès des magasins à succursales multiples. Chez Ramade, par exemple, pour le savon
            ou le café, "il y avait la réclame tous les trois mois, l'affiche était sur la porte, les gens voyaient que
            c'était la semaine suivante, alors ils en commandaient à l'avance. Une fois, il y eut tellement de café
            vendu qu'il fallut une livraison supplémentaire".

            Ces réclames ne permettaient pas d'acheter moins cher, le prix était inchangé, mais il était donné des
            timbres aux clients : "un paquet de café valait dix timbres, un litre d'huile quinze ; avec ces timbres, la
            clientèle avait le choix d'objets divers et variés (linge, batterie de cuisine,). Il s'achetait beaucoup au
            moment des réclames, café, sucre, huile, pour avoir bien des timbres. Certains en profitaient pour se
            monter en ménage".

            Il n'y avait pas le lait pasteurisé ou longue conservation que nous connaissons aujourd'hui. Il s'agissait de
            lait frais qui devait être bouilli pour être conservé, et sur lequel on récupèrerait la crème de lait pour faire
            de délicieux petits gâteaux secs.

            Le  lait  frais  de  vache  s'achetait  directement  chez  le  producteur.  Mais  dans  notre  région,  l'habitat  est
            dispersé, les fermes ne sont pas dans le village ; il y avait donc nécessité d'avoir des dépôts de lait. Il y
            en eu plusieurs à Marsanne - Marie Maurel entre 1931 et 1964. Mme Mary en vendait toujours au détail
            en 1970.

            Les  Marsannais  apportaient  leurs  récipients  le  soir  avec  leur  nom  inscrit  dessus.  La  commerçante
            connaissait  bien  la  quantité  désirée  par  chacun,  et  les  clients  revenaient  le  lendemain  matin  après  7
            heures. Pour ceux qui oubliaient et ne venaient qu'à midi, le lait avait tourné parfois !
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