Page 194 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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LES EPICERIES MARSANNAISES


            Cet  article  n'aurait  pu  être  écrit  sans  l'aide  de  Mesdames  Marie  Burel,  Eva  Mary  et  Yvonne  Petit,
            anciennes épicières, Madame Annie Roussin, filleule de Mlle Maurel, Monsieur Pierre Jouve, petit-fils
            de  Mme  Vendran,  Mesdames  Juliette  Bert,  Yvonne  Bonnefoy,  Marie-Thérèse  Buis,  Odette  Peloux,
            Marie-Louise Raymond, Jeanne Tissot et Monsieur Georges Hugon.
            Toutes ces personnes ont, non seulement décrit les épiceries telles qu'elles les ont connues, mais m'ont
            fait part de réflexions sur la façon de vivre qui sont écrites en caractères penchés.
            Aussi, je tiens à les remercier pour les souvenirs qu'elles ont bien voulu me conter, souvenirs d'enfance
            pour certains, d'anciennes épicières pour d'autres, mais de clientes aussi.

            La fermeture de l'épicerie de Marsanne pendant cinq mois m'a fait réfléchir sur ce qu'était le commerce
            de notre village depuis le début de ce siècle, et plus particulièrement sur nos épiceries depuis 1900.
            Espérons que Marsanne ne verra pas la disparition de son commerce d'alimentation. A chacun de nous
            de faire en sorte qu notre village puisse toujours vivre, un village sans boutique étant un village sans vie,
            sans âme.

            Où se trouvaient les épiceries ? Que vendaient-elles ?
            Comment était organisée la distribution de l'alimentation dans notre village et nos campagnes ?
            C'est  ce  que  nous  allons  essayer  de  découvrir  au  fil  des  lignes  suivantes.  Mais  seule  la  mémoire
            collective pouvait m'aider dans cette tâche.

            Merci à tous.

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            Les villages du 19  siècle vivaient au rythme des travaux de la terre. Les villes et leurs attraits étaient
            souvent éloignés. Elles l'étaient d'autant plus que les voyages se faisaient à pied ou en charrette, au pas
            du bœuf ou de l'âne. Chaque localité, même la plus modeste, devait donc par nécessité disposer sur place
            du  plus  grand  nombre  de  corps  de  métiers  pour  assurer  l'indispensable  quotidien.  C'est  ainsi  que  de
            nombreux villages étaient prospères.

            Les lieux de la vie communautaire de rencontre ou d'échanges sont nombreux dans notre village en ce
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            début de 20  siècle : boutiques, fontaines, lavoirs, église ou bien champs de foire, cafés. Essentiels à la
            solidarité  villageoise,  on  s'y  retrouve  pour  traiter  des  affaires,  décider  des  mariages  ou  simplement
                                                                        e
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            échanger des nouvelles. La fin du 19  siècle et le début du 20  sont l'âge d'or du petit commerce, de la
            boutique. Désormais, chaque village a, au moins, son épicerie et son boulanger.

            Marsanne,  en  1907,  compte  5  épiceries,  2  boulangers,  2  bouchers,  8  cafés,  2  hôtels,  2  magasins  de
            Nouveautés, 1 modiste, 3 tailleurs et 4 tailleuses pour 1 230 habitants, sans nommer tous les artisans qui
            feront l'objet d'une autre étude.
            Toutes  ces  boutiques  réunies  permettent  de  vivre,  mais  aussi  de  maintenir  la  vie  au  pays.  C'est
            important.  C'est  pourquoi  je  tiens  à  rendre  hommage  à  ceux  qui,  avec  un  exemplaire  dévouement,
            entretiennent envers et contre tout la tradition du petit commerce local.

            L'épicerie est la boutique du début de ce siècle. On y trouve de tout. Elle est le symbole de l'ouverture
            vers  une  économie  de  marché.  L'invention  de  la  "réclame"  incite  le  consommateur  à  acheter  et,  au
            besoin seul, vient s'ajouter l'envie de posséder ou d'essayer ces nouveaux produits chargés de mystère :
            apéritifs, boîtes de conserve ...
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