Page 216 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Nous avons retrouvé dans les archives le plan, dressé en 1857, par Monsieur Charles Laurent
               Joseph  de  Montluisant,  le  maire  et  grand  ingénieur  d'Etat.  C'est  un  document  assez
               exceptionnel par sa facture à la plume rehaussée d'aquarelle, sur papier translucide.

               Dans  cette  école  neuve,  les  Maristes,  rétribués  par  la  Commune  et  les  parents  d'élèves,
               enseignèrent pendant plus de vingt ans. Pourtant, en 1878, le frère directeur, dans son rapport
               annuel, écrivait : "sur 173 garçons d'âge scolaire que compte la commune, 87 seulement ont
               fréquenté l'école. Beaucoup d'absences à cause des travaux de la campagne, mais surtout à
               cause de la gêne dans laquelle se trouvent certaines familles."

               "Vœux des populations : la gratuité". Elle fut instituée, nous le savons, par les lois Jules Ferry
               en 1882, en même temps que l'Obligation et la Laïcité. Les frères furent désormais rétribués
               par l'Etat, ils continuèrent à enseigner jusqu'en 1891, date à laquelle les premiers instituteurs
               laïques vinrent leur succéder. Depuis, un grand siècle a passé, beaucoup de maîtres et d'élèves
               aussi,  mais  l'école,  elle,  est  toujours  là,  apparemment  la  même.  Elle  vient  seulement  de
               refermer ses volets sur des montagnes de souvenirs.

               Les filles, de leur côté, ne furent pas oubliées. Elles reçurent, à partir de 1830, une instruction
               régulière  et  souvent  excellente.  Des  cahiers,  laissés  par  nos  arrière-grands-mères,  forcent
               notre  admiration,  tant  par  le  niveau  des  connaissances  que  par  la  présentation  ou  la
               calligraphie.

               Les enseignants ne firent jamais défaut, mais, les événements voulurent qu'à Marsanne aucune
               Ecole de filles ne fût jamais construite.
               Durant vingt ans, les premières institutrices, pourtant agréées et rétribuées par la commune,
               firent la classe dans leur propre habitation. Ce n'est qu'en 1850, après le départ de la dernière
               d'entre elles, que la municipalité aménagea, dans son immeuble de la rue Comte de Poitiers,
               deux salles de classe. Elle fit appel, pour y enseigner, à deux religieuses de la Providence qui
               y accueillirent, dès la seconde année, une soixantaine de fillettes.
               Les  locaux  s'avérèrent  très  vite  insuffisants,  un  agrandissement  fut  nécessaire  et,  en  1881,
               l'Inspecteur  primaire  écrivait  au  maire  :  "qu'une  ville  comme  Marsanne,  pour  remplir  les
               conditions prescrites par le règlement, devrait créer une école maternelle (asile) et construire
               dans de plus vastes proportions une école de filles..."

               La municipalité de Monsieur Augustin Loubet, père du Président, admit la possibilité d'un tel
               projet. Mais, le maire mourut en 1882 et le phylloxéra, qui sévit dramatiquement, engendra de
               telles difficultés financières que le projet resta sans suite.

               Les classes continueront à fonctionner dans les mêmes locaux jusqu'en1889, puis, dans deux
               salles plus spacieuses de l'Hôtel de Ville, jusqu'aux années 1920.
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