Page 370 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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La forêt et le charbon de bois
La forêt de Marsanne a toujours été exploitée pour les besoins des habitants. Depuis Louis-
Philippe, elle est gérée par l'Etat, c'est à-dire, aujourd'hui, par l'ONF.
C'est ce dernier qui a organisé durant plus d'un siècle la vente aux enchères des coupes
de bois.
Les coupes étaient achetées par des exploitants forestiers locaux ou régionaux. Elles
étaient dites "ordinaires" si les taillis étaient âgés de 25 ans, et "extraordinaires" s'ils avaient
30 ans. Les arbres de petite dimension qui composaient ces taillis étaient abattus à la hache.
Les baliveaux qui pouvaient avoir une taille importante, selon qu'ils avaient été
conservés d'une ou plusieurs coupes précédentes, étaient coupés au passe-partout (la loube).
Les produits de ces coupes, dont les surfaces s'échelonnaient entre 16 et 20 ha,
constituaient le bois de chauffage, essentiellement pour les fourneaux qui étaient allumés avec
de petits fagots de branches de hêtre. Ces mêmes fagots servaient également aux boulangers
qui réchauffaient ainsi leur four lors de la deuxième, voire troisième fournée.
L'art de faire du charbon de bois
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Durant le 19 siècle et le début du 20 , le charbon de bois était élaboré dans les
charbonnières.
A cette époque, lorsque les coupes étaient d'un accès très difficile, ou pour éviter un
débardage particulièrement pénible, on transformait sur place le bois en charbon de bois qui,
compte tenu de sa légèreté était plus facile à mettre à port de charrette et, plus tard, de camion.
Le charbonniers commençaient, et ce n'était pas facile, par terrasser une plate-forme
d'environ dix mètres de diamètre.
En parcourant la forêt, on trouve souvent de tels espaces plats, ainsi que, tout à côté,
une petite surface rectangulaire aplanie de 4 à 6 m² sur laquelle était construite leur cabane.
Il était en effet indispensable qu'ils restent 24 h sur 24h, et 7 jours sur 7, à proximité de la
charbonnière, car une absence d'une heure pouvait réduire à néant le travail de toute une
semaine.
Pour commencer, les charbonniers, après avoir terrassé leur plate-forme, coupaient à la
hache les arbres, puis ensuite, sur un billot, à l'aide d'une serpe, ils découpaient les troncs en
morceaux allant de 20 cm à 1,20 m environ.
Ils plaçaient verticalement ces rondins, les plus longs à partir du centre de la
charbonnière pour descendre progressivement vers l'extérieur et y ranger ceux qui étaient les
plus courts. Ensuite, tous ces rondins étaient recouverts de terre en prenant soin de laisser une
ouverture au centre de la charbonnière, et des petites ouvertures à ras de terre tout autour.
Les charbonniers allumaient alors les rondins en utilisant les ouvertures latérales. Le
tirage s'effectuait par la cheminée centrale.
Tout l'art de réussir le charbon de bois consistait à maintenir la combustion interne à
un niveau suffisant en ouvrant, fermant ou réduisant les petites ouvertures latérales. En effet,
une combustion trop rapide réduisait en cendres le bois, et au contraire, une combustion trop
lente et trop faible ne permettait pas de transformer le bois en charbon de bois.