Page 29 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Sont-ils bien dits, redits, précisés, garantis, ces droits donnés par le seigneur ! Quel privilège
               pour Marsanne ! Ainsi placé dans une situation fortement définie, il put, mieux que d'autres,
               défendre  ses  libertés,  face  aux  agressions  de  certains  de  ses  maîtres  ou  voisins.  Ce  ne  fut
               pourtant pas sans difficultés, ni courage. Ainsi :

               Le  31  janvier  1470,  la  communauté  dit  se  soumettre  aux  exigences  de  Gaucher  Adhémar,
               prétendant  que  les  titres  ont  été  égarés.  Les  habitants  devront  alors  demander  pardon  au
               seigneur, et lui payer le "vingtain" des grains, soit 1 setier pour 23 récoltés. Quelle duperie
               cruelle ! Elle ne fut pas acceptée bien longtemps.
               Plus tard, en septembre 1666, nos Consuls adressent au Parlement une requête contre Henri de
               Brunier, seigneur, "qui n'ayant pu obtenir des droits personnels sur la montagne, ni empêcher
               le pacage des chèvres, a, le 8 septembre 1666, par ses deux fils, ses valets, ses domestiques,
               assisté par Petit, sieur curé, et François de Tournier, maltraité plusieurs habitants à coups de
               bâton, quelques-uns étant même en danger de mort."

               Enfin,  en  1680,  toujours  aux  prises  avec  ces  Brunier,  les  Marsannais,  désireux  de  sauver
               définitivement leurs droits, obtinrent non sans mal du Parlement l'enregistrement officiel, dont
               je vous ai donné copie plus haut, et ainsi confirmé :
               "ENREGISTRÉ  AU  GREFFE  DE  LA  CHAMBRE  DES  COMPTES  ET  COUR  DES
               FINANCES  DU  DAUPHINÉ,  EN  SUITE  DE  SON  ORDONNANCE  DU  18  JANVIER
               1680, SUR REQUESTE À ELLE PRÉSENTÉE PAR LES CONSULS DUDIT MARSANE,
               PAR NOUS, CONSEILLER SECRÉTAIRE DU ROY (Louis XIV). SOUSSIGNÉ BARDE"

               Pas peur des seigneurs !...nos aïeux. Ni de leurs voisins d'ailleurs. Lisons plutôt.

               En  août  1605,  un  procès-verbal  met  fin  à  de  longues  querelles  de  limites  entre  Marsanne,
               Grâne et Mirmande. La marque de notre communauté était "une double croix" que le vulgaire
               appelle "Eychagnie", et une limite s'appelle la "pierre sanglante". Un peu plus tard, le 7 avril
               1664, les délibérations Consulaires indiquent : "la nécessité de la surveillance des bois, que
               'ceux de la Laupie' dévastent. Il est donné pouvoir aux Consuls de prendre 7 ou 8 habitants
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