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LE VIEUX VILLAGE DE MARSANNE HISTOIRE RECENTE
Un après midi de l'été 1973.
Après une visite à Saint-Félix, nous parcourons avec difficulté les ruelles du vieux village alors
envahies de broussailles.
Poussés par la curiosité, ma femme et moi escaladons un vieux mur afin d'accéder à une ruine
insolite. Nous sommes bouleversés par ce lieu étrange, chargé d'histoire et de mystère, entouré par un
panorama sublime. L'aventure commençait et je pense que nous avons pressenti ce jour-là que ce tas
de pierres serait un jour notre maison.
Nous n'étions pas les premiers.
Un groupe de pionniers originaires pour la plupart de Montélimar, avait commencé à défricher
cet endroit où la végétation sauvage avait tout envahi. Des ruines avaient été aménagées de façon
sommaire pour passer des week-ends agréables. Par chance, ils avaient tous le goût des vieilles pierres
et ils n'ont pas commis au cours de ces travaux un peu anarchiques des fautes graves et irréparables.
Le vieux village n'était, à cette époque, habité que par un vieux couple pittoresque vivant dans
des conditions très précaires. Parlez, à ceux qui les ont connus, de Marguerite et Delphin !...
Marguerite, énorme, forte en gueule, s'exprimant par jurons et proverbes, mais étant capable,
assise sur une grosse pierre de chanter de vieilles rengaines d'une voix mélodieuse.
Delphin, ancien bûcheron, sec, distingué, discret, adorant les enfants.
On se souvient, au cours d'une des premières assemblées générales de l'Association des Amis
du Vieux Marsanne de son unique intervention. Il avait osé se lever et prenant la parole d'une voix
tremblante, il avait déclaré : << Au vieux village, les choses vraiment importantes sont l'eau, les
chemins et l'amitié!>>.
En ce qui concerne l'amitié, c'est plutôt réussi ; les habitants du vieux village, venus d'horizons
très divers, souvent avec une forte personnalité, s'entendent bien. Il suffit d'assister au traditionnel
repas de l'été pour s'en convaincre. Je n'en dirai pas autant de l'eau et des chemins, mais je serai amené
à revenir sur ce sujet.
En 1974, l'installation d'un réseau d'eau et d'électricité est déterminante. Quelques familles
s'installent définitivement. De nos jours, on compte 22 maisons restaurées dont la moitié sont habitées
en permanence, ce qui est remarquable. Deux ateliers professionnels de métiers d'Art (Poterie et
Céramique) se sont installés. On compte 35 habitants permanents de tous âges et, en été, ce nombre
doit atteindre environ 100 personnes. Des enfants sont nés au vieux village; des anciens nous ont
quittés. On évoque souvent le souvenir d'Aimé, Georges et de Claude, "vieux villageois" de la
première heure.
Vivre au vieux village n'est pas toujours chose simple. Certaines maisons sont passées de main
en main. Seuls les vrais amoureux de ce lieu y demeurent.
Il faut accepter les difficultés propres à cet endroit : circulation difficile dans les ruelles étroites,
stationnement problématique, immobilisation en cas de neige ... Il faut aussi admettre le fait ancré dans
certains esprits que les habitants du vieux village ne seraient pas tout à fait des Marsannais comme les
autres : originaux, anticonformistes, râleurs ... mais contribuables cependant.