VINCENT (Jacques)
VINCENT (Jacques)), traducteur et poète, que nous ne croyons pas être de la même famille que les suivants, bien qu'il soit également de " Crest-Arnaud ", à ce que nous apprennent les titres de quelques-unes {406}de ses traductions, était, tout à la fois, secrétaire d'un évêque du Puy, qui doit être François de Sarcus (1536-1557), et aumônier du duc d'Enghien, Jean de Bourbon, qui périt à la bataille de St-Quentin (1559). Elevé, diton, dans la maison de Poitiers-St-Vallier, il alla habiter Paris, du temps que la belle Diane, duchesse de Valentinois, y régnait sous le nom d'Henri II, et se vit alors commander par cette dame une généalogie de sa famille et une traduction de l'Orlando amoroso, de Boyardo. Or, soit qu'elle n'ait pas été trouvée suffisamment élogieuse, soit pour toute autre raison, la généalogie, qui n'a d'ailleurs aucune valeur historique et dont il se trouve une copie à la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, n'a pas été imprimée, et, c'est évidemment à cause du peu de générosité de sa protectrice, que Vincent n'a traduit que les deux premières parties de l'œuvre de Boyardo ; car, on trouve, en tête de sa seconde partie, ces vers suffisamment explicatifs :
[Longtemps il y a que Rolland l'amoureux
M'a occupé pour vous faire service ;
Mais sur la fin s'est trouvé souffreteux,
En me voyant privé du bénéfice
Lequel doit estre à homme d'exercice,
Et qui accez aux lettres veult avoir ;
Par quoy vous prie humblement de prouvoir
Vostre servant, qui jamais ne fauldra
De vous complaire, et faisant son devoir,
Ira disant : par vous mon heur viendra.]
Cette prière ne toucha nullement, paraît-il, la maîtresse d'Henri II, mais émut assez les descendants de cette dame pour qu'ils aient fait imprimer, soixante-quatre ans plus tard, une traduction en prose du poème de Boyardo, par le même Jacques Vincent, dans laquelle ne se trouvent pas conséquemment les vers que nous venons de citer. Quant à notre traducteur, ayant trouvé probablement de plus généreux Mécènes, il délaissa Boyardo pour traduire d'autres auteurs, la plupart espagnols, - ce qui prouve qu'il savait plusieurs langues vivantes, fait assez rare en un temps où l'on s'attachait surtout à étudier les langues anciennes.
Ajoutons qu'il résulte du titre d'une de ses traductions qu'il passa de vie à trépas, non point vers 1570, comme le dit Rochas, mais avant 1556.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Les trois livres de Roland l'amoureux, mis en italien par Math.-Mar. Boyard et traduits en françoys, par Jacques Vincent, du Chrest-Arnaud. Paris, Est. Groulleau, 1549-1550 ; deux parties in-folio, dont il y a une seconde édition. Paris, Hulpeau, 1574, in-8º, et une troisième sous ce titre : Histoire de Rolland l'amoureux, comprenant ses faits d'armes et amours : avec un bien dire et fictions très élégantes, ravissant les cœurs d'un chacun et les invitant à la lecture d'iceux discours. Mise en François de l'Italien du seigneur Mathieu-Marie Boyard, comte de Scandian, par M. Jacques Vincent. Dernière édition, rendue et diligemment expurgée des fautes qui sont passées aux précédentes impressions. Lyon, chez Simon Rigaud, MDCXIIII. In-8º de 327 pp., dont il y a des exemplaires au bas desquels on lit, au lieu du nom de Rigaud : Par Léon Savine, maistre imprimeur, MDCXIIII. La bibl. de Grenoble possède deux exemplaires ainsi différenciés de cette publication, que n'a pas connue Rochas et qui a été signalée par M. Victor Colomb, caché sous le pseudonyme de Jules Saint-Rémy.
II. De l'utilité et excellence du Verbe divin, trad. de Patrice Cocburne. Paris, Jean Dallier, 1553 ; in-16, dont il y a une seconde édition. Lyon, 1565, in-8º.
III. Le premier livre du preux, vaillant et très victorieux chevalier Palmerin d'Angleterre, filz du Roy, dom Edoard, auquel seront récitées ses grandes proësses : et semblablement la chevalereuse bonté de Florian du Desert, son frère, avec celle du prince Florendos, filz de Primaleon..., traduit du castillan en françois, par maistre Jacques Vincent, du Crest-Arnauld en Dauphine. Lyon, Th. Payen, 1553 ; deux parties in-folio, dont il y a une autre édition. Paris, Jean Dongoys, 1574, petit in-8º.
IV. La plaisante histoire des amours de Florisée et de Claréo, et aussi de la peu fortunée Yséa, traduit du castillan en françois. Paris, Jacq. Kerver, 1554, in-8º.
V. Histoire amoureuse de Flores et Blanche fleur sa mye, avec la complainte que fait un amant contre amour et sa dame. Le tout mis d'espagnol en françois. Paris, Michel Fezandat, 1554. Petit in-8º de 95 pp., dont il y a d'autres éditions, notamment une de Lyon, B. Brigaud, 1570, in-16, et une troisième de Rouen, du Petit-Val, 1597, petit in-12.
VI. La Pyrotechnie ou art du fev, contenant dix livres, avsquels est amplement traicté de toutes sortes et diversité de minières, {407}fusions et separations des metavx, des formes et moules pour getter artillerie, cloches et toutes autres figures ; des distillations, des mines, contre mines, pots, boulets, fusées, lances et autres feuz artificiels, concernant l'art militaire et autres choses dépendantes du feu, composée par le seigneur Vanoccio Biringuccio, Siennois, et traduite d'Italien en François, par feu maistre Jacques Vincent. Paris, Cl. Frémy, 1556 ; in-4º avec fig., de 4 ff. non chiffrés, plus 250 ff. chiffrés. - Il y a d'autres éditions comme celles de Paris, Julian, 1572 ; Francfort, Wechels, 1627, et Rouen, Cailloue, 1627 encore ; toutes sont de format in-4º.
#Biog. Dauph., ii, 481. - Goujet, Bibl. franç. - La Croix du Maine et du Verdier, Bibl. franç. - Saint Rémy, Petite anthologie des poétes de la Drôme, 8, 11. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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