VINCENT (Jean)
VINCENT (Jean)), avocat en grande réputation dans notre contrée à la fin du xvie siècle et dans les commencements du xviie, appartenait à une famille bourgeoise de Crest, qui donna trois ou quatre générations d'avocats à cette ville, après lui en avoir fourni autant de notaires. Fils aîné d'un autre Jean Vincent, qui était juge seigneurial d'Autichamp, en 1584, et qui est dit " docteur et advocat de toutes les affaires de la ville " dans l'acte de son décès, en date du 11 avril 1590, il était, par sa mère, Louise Barnaud, le cousin germain du fameux Nicolas Barnaud, un des plus curieux personnages de son temps ; et Guy Vincent, prévôt de la collégiale de Crest, puis doyen de la cathédrale de Die, à qui l'avocat Antoine Rambaud adressa, le 1er mars 1598, une lettre qu'il fit ensuite imprimer avec ses plaidoyers pour le tiers état de Dauphiné, était son frère cadet.
Ayant embrassé, à son tour, la carrière du barreau, ce deuxième Jean Vincent acquit bien vite une si grande réputation d'intelligence et de savoir, que les députés du tiers état de Dauphiné, assemblés à St-Marcellin, au mois de sept. 1591, s'étant alors décidés, après une longue interruption, à reprendre le procès intenté cinquante-quatre ans auparavant aux ordres privilégiés, en vue d'obtenir une plus juste répartition des charges publiques, il fut choisi, conjointement avec Claude de Lagrange et Antoine Rambaud (voir ce nom), pour soutenir leurs réclamations devant les conseils du roi. L'année suivante (4 novembre 1592), les consuls de Valence lui proposèrent d'occuper une des chaires de droit de l'Université, bien qu'il n'eût pas, comme son père, le grade de docteur ; mais si flatteuse que fût, pour notre avocat, cette dernière offre, il la déclina pour se consacrer tout à fait à la défense des intérêts qui lui avaient été confiés ; et c'est à cela que nous devons d'avoir, de Jean Vincent, deux mémoires ou discours en forme de plaidoyer, qui sont aujourd'hui des raretés bibliographiques, et qui, pour n'avoir plus d'autre attrait que celui de la curiosité, ne sont pas moins d'un habile dialecticien et d'un jurisconsulte érudit. Or, s'ils n'empêchèrent pas la juste cause du tiers état de rester pendant longtemps encore en souffrance, ces plaidoyers ajoutèrent singulièrement à la réputation de l'avocat crestois. Ils lui firent, en particulier, une situation exceptionnelle dans sa ville natale, à en juger par la quantité de sentences arbitrales qu'on trouve de lui dans presque toutes les affaires importantes de la contrée, à son époque ; et il en fut ainsi jusqu'à sa mort, qui paraît être arrivée aux environs de 1636, non à Crest même, mais probablement dans son domaine de Rionier sur Divajeu, qui a retenu de lui le nom de Vincenty.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Discovrs en forme de plaidoyé, povr le tiers estat de Daulphiné, Av procès qu'il a pardeuant sa Maiesté et Nosseignevrs de son Conseil Privé, contre les deux premiers Ordres de la prouince. Ou est svccinctement monstré que ledit Païs est franc de Tailles, par Loix et Priuileges commvns aux trois Ordres, qui doiuent entrer également avx charges qu'on y lèue, lesqvelles ne pevuent estre avtres qve commvnes et reeles. Par M. I. Vincent, I. C. D. A Paris, par Iamet Mettayer... ci$c.i$c.xciix. Petit in-8º de 42 ff., dédié " A.M. Barnavd, {408}escvyer, conseiller du Roy, et son Vi-Séneschal du Valentinois et Diois, en la Seneschaussée de Crest. "
II. Repliqve povr le tiers estat de Davlphiné, avx deffences des devx premiers ordres. En l'instance pendante pardeuant le Roy, et Nosseigneurs de son Conseil Privé. Ov est particvlièrement respondv avx premières Escritvres de la Noblesse. Par M. Jean Vincent. I. C. D. Serivs dvm melivs. A Paris, chez Iamet et Pierre Mettayer. CI$CDC. In-8º de 342 pp., dédié " A Messieurs du Tiers Estat de Davlphiné. "
#Biogr. Dauph., ii, 422. - Etat civil. - Arch. Valence, BB, ii. - Min. de not. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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