Page 243 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Mais, en 1389, un litige familial oppose les deux hommes. Raymond "tourne casaque". Il
            part en guerre contre Clément et ses alliés, dont notre Comte Louis de Poitiers était un fidèle.

                   Avec  "une  troupe  de  600  cavaliers,  2  000  fantassins,  archers  et  arbalétriers",  il  pille,
            rançonne,  massacre,  brûle  tout  sur  son  passage.  En  1391,  il  s'adjoint  une  armée  de  brigands
            revenus  d'Italie,  les  "Ecorcheurs"  et  les  "Routiers".  Nos  villages  sont  détruits,  nos  campagnes
            dévastées, nos populations brisées; Notre comte Louis de Poitiers, malgré l'aide de nos villageois
            enrôlés dans ses armées, ne devra son salut qu'à l'intervention du Roi de France, Charles VI. La
            paix fut signée en 1392 à Saint-Rémy de Provence. Raymond de Turenne reçut 30 000 florins
            pour disparaître à jamais de la région.

                   Marsanne  croulait  sous  les  ruines.  Remparts  rompus,  donjon,  clocher,  tours  écrêtés  ;
            maisons rasées. On ne réparera que bien plus tard, après que Louis XI ait pris possession de la
            Communauté  en  1426  (1)  et  grâce  aux  aides  exceptionnelles  accordées  par  le  Parlement  de
            Grenoble en 1445. (Archives de la Chambre des Comptes du Dauphiné)

                   Le  bourg  était  dans  "un  tel  état  de  dépérissement"  que  les  travaux  de  réhabilitation
            s'échelonnèrent sur plusieurs décennies, jusqu'au règne de François Ier.
            Un  village  nouveau,  de  style  Renaissance,  s'érigea  alors,  beau  et  tranquille,  à  l'abri  de  ses
            remparts  solidement  rénovés  :  clocher  rehaussé,  fenêtres  à  meneaux,  belles  maisons,  belles
            pierres taillées...
            L'économie redevint florissante avec trois foires nouvelles créées par le roi en 1532 (2).

                   Hélas! Ce calme ne fut que de courte durée. Le temps des "Guerres de Religion" pointait à
            l'horizon, avec sa cohorte de violences et de ruines.

                                        C - Guerres de Religion - (1560-1598)


                   Durant près de quarante ans, elles opposèrent Catholiques et Protestants soutenus, les uns
            par le Roi de France, les autres par Henri de Navarre, futur Henri IV. Dévastatrices et cruelles,
            elles laissèrent dans notre région des milliers de morts et des ruines irréparables.

                   MARSANNE, face à de redoutables chefs protestants tels que le cruel varon des Adrets,
            et le puissant duc de Lesdiguières, paya un lourd tribut à ce rude conflit. Malgré ses vaillants
            défenseurs tels que de Gordes et Maugiron, gouverneurs du Dauphiné, Dufour, capitaine de la
            place et le célèbre Noël de Coursas (3) : malgré ses courageux habitants et les soldats du roi, rien
            ne lui fut épargné ! Ni les débordements des troupes ennemies à travers nos campagnes, ni les
            sièges, ni les terribles assauts contre le bourg fortifié.

                   A  partir  de  1562,  les  Huguenots  se  répandirent  dans  nos  plaines  et  investirent  nos
            villages. Petit à petit, leurs cantonnements sont signalés à Montélimar, Grâne, Divajeu, Aruiples,
            Bourdeaux, Chateauneur-de-Mazenc, Roynac, Marsanne, Savasse... . Sous la menace, leurs chefs
            réquisitionnent grains, bétail, bois. Ils exigent argent et hommes de peine, comme en 1576, où
            nous devons payer une  contribution de "plus de 700 écus et fournir 6 pionniers avec 2 bêtes,
            pendant  un  mois,  pour  remparer  Oriples"  (4).  Une  nouvelle  fois,  les  troupes  en  déplacement
            pillent, brûlent, saccagent.
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