TAPONIER (Alexandre-Camille)
TAPONIER (Alexandre-Camille)), fils d'Augustin et de Jeanne Lagier, officier général, né à Valence le 2 février 1749, s'engagea à dixhuit ans dans un régiment de grenadiers, et n'était encore que premier sergent à quarante ; seulement, le rôle qu'il joua dans la prise de la Bastille, menant à l'attaque de cette forteresse toute une compagnie d'hommes déterminés, lui valut d'être fait lieutenant quarante-sept jours après. Un mois plus tard, il était capitaine aide-major dans la garde nationale soldée, et se trouva mêlé ainsi à tous les mouvements populaires dont Paris fut le théâtre jusqu'au 1er janvier 1792, date à laquelle il fut envoyé à l'armée du général Luckner, en qualité de capitaine au 103e régiment d'infanterie. Ayant ensuite fait la compagne de Trèves, sous Beurnonville, il passa de là à l'avant-garde de l'armée de Rhin-et-Moselle, où il devint adjudant général, le 24 vendémiaire an II (15 octobre 1793), et obtint, vingt-trois jours après, sans transition, le grade de général de division.
C'était aller vite ; mais, si rapide que fût cet avancement, Taponier le justifia par sa très vaillante conduite à la tête de la division de droite de l'armée de la Moselle ; car il se distinguait, le 1er frimaire suivant, à Hornbach et à Deux-Ponts ; le 9, à Kayserslautern, où les Prussiens perdirent six mille hommes, suivant une lettre de Championnet, qui se trouva à cette bataille sous les ordres de son compatriote ; et le 2 et le 3 nivôse, à Reischoffen, où l'ennemi fut mis en déroute, mais où le succès de nos armes eût été encore plus grand, si Taponier avait été mieux secondé, à ce que déclarait, vingt-deux jours plus tard, le représentant Baudot à la tribune de la Convention. Le 18 ventôse, près de Yégredal, il délogea le régiment de Hoffen, dont il envoyait trois jours après les drapeaux aux représentants du peuple, en y joignant une petite pièce de canon, de peu de conséquence, pour être fondue, attendu qu'il ne devait plus " exister, disait-il, de marques de féodalité " ; et le 25 messidor, il contribuait à l'enlèvement des redoutes de Tripstadt.
Taponier commanda ensuite la réserve de l'armée marchant sur Trèves et le Luxembourg ; placé bientôt après à la tête de la 3e division de gauche de cette armée, il passa le Rhin ; puis, joint à l'armée du Rhin et à celle de Sambre-et-Meuse, il aida puissamment à la prise de Coblentz, ville que les Français occupèrent le 3 brumaire an III.
En l'an IV, le général Taponier fit campagne avec l'armée du Rhin, étant {364}à la tête de la division de gauche dans le Palatinat, et à la tête de la division du centre dans la marche en avant et le mouvement rétrograde qui aboutirent à la prise de Kehl et au passage du Rhin, le 6 messidor. Onze jours après, il était à Rastadt, où il commença la bataille à 5 heures du matin, en attaquant le poste de Guersbach, " avec la plus grande bravoure ", dit Moreau, dans son rapport au Directoire ; malheureusement, une blessure et les fatigues de la guerre le contraignirent ensuite à prendre du repos, et, mis à la réforme le 25 ventôse an V, il resta sans emploi jusqu'au 19 thermidor an VII, date à laquelle il fut remis en activité et chargé du commandement d'une division de l'armée d'Angleterre, commandement qu'il échangea ensuite contre celui d'une division de l'armée du Rhin. Retraité le 1er germinal an IX, il ne participa donc pas aux guerres de l'Empire ; mais, en 1814 et 1815, on le vit encore, malgré son âge, solliciter tour à tour du gouvernement de la Restauration et du gouvernement de Napoléon un emploi, qu'il ne put obtenir. Comme il avait déjà la croix de la Légion d'honneur, on lui donna simplement alors la croix de Saint-Louis, et, retiré à Paris, y vécut tout à fait dans l'ombre jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée le 14 avril 1831.
#Biogr. Dauph., ii, 427. - Etat civil. - Mém. d'un bourg. de Valence. - Réimp. du Moniteur, xix, 211, 724, et xxviii, 353.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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