POITIERS (Diane de)



POITIERS (Diane de)), cette fameuse duchesse de Valentinois qui, pour nous servir d'une heureuse expression, " termine dignement, dans notre province, la race astucieuse et violente des bâtards des ducs d'Aquitaine ", est bien la favorite dont il est le plus difficile d'écrire l'histoire ; car, indépendamment de ce qu'elle a eu tout à la fois des adulateurs sans mesure et de violents détracteurs, la plupart des historiens se sont contentés d'admettre les affirmations plus ou moins suspectes des uns ou des autres, suivant leurs tendances, au lieu de rechercher la vérité dans l'étude des documents. Fille aînée du précédent et de sa première femme, Diane de Poitiers naquit probablement à Etoile, résidence la plus ordinaire de son père et de son aïeul, non le 3 septembre comme le dit Rochas, mais le 31 décembre 1499, son épitaphe lui donnant 66 ans 3 mois et 27 jours lorsqu'elle mourut le 27 avril 1566. Elle n'avait donc guère que 14 ans lorsqu'elle épousa, le 29 mars 1514, un des compagnons d'armes de son père, Louis de Brézé, comte de Maulevrier, seigneur d'Anet, grand sénéchal et gouverneur de Normandie, vrai grand seigneur en même temps que vaillant homme de guerre, qui était de trente ans plus âgé qu'elle et qui avait dû la rencontrer à la cour, étant capitaine de cent gentilshommes de la maison du roi, comme le seigneur de Saint-Vallier. Or, devenue ainsi " Mme la Sénéchale ", Diane de Poitiers était depuis longtemps dame d'honneur de la reine Claude, quand son père fut arrêté à Lyon, le 5 septembre 1523, pour participation aux complots du connétable de Bourbon. Nous avons assez parlé du procès qui suivit cette arrestation pour n'y plus revenir ; mais il convient cependant d'insister encore ici sur ce point, qu'après les consciencieuses recherches de l'éditeur des lettres de Diane de Poitiers il n'est plus permis de dire qu'elle obtint de François Ier la grâce de son père au prix de son honneur. Car, tandis que ceux qui racontent cela sont généralement si mal renseignés, que Mézeray, par exemple, fait {265}de Diane la fille unique du seigneur de Saint-Vallier, " âgée de quelque 14 ans ", il n'y a qu'à lire attentivement certaines pièces du procès de ce dernier pour voir que François Ier, qui ne pouvait pas d'ailleurs refuser à Brézé la grâce de son beau-père, étant donnée l'importance de ses services, la lui accorda d'autant plus volontiers qu'il y était décidé d'avance, et que la remise du condamné aux mains du bourreau, le 17 février 1524, pour le lui reprendre au dernier moment, fut tout simplement un coup de théâtre préparé pour frapper les esprits.
On a prétendu ensuite que la sénéchale fit poursuivre Clément Marot, en 1526, parce qu'elle était devenue amoureuse de lui et qu'il ne répondait pas à ses avances ; mais c'est là une invention de romancier n'ayant pas seulement le mérite de la vraisemblance, attendu que Marot, qui devait chanter plus tard les amours de Diane, était alors le protégé de la duchesse d'Etampes, maîtresse de François Ier, ce qui le mettait à l'abri de toutes poursuites. Quant à avoir été la maîtresse du cardinal de Lorraine et d'autres encore, c'est une invention de la haine aussi peu fondée que l'autre, et, sans attacher plus d'importance qu'il ne convient à l'étalage de regrets que fit la dame de Brézé lorsqu'elle eut perdu son mari, le 23 juillet 1531, il y a tout lieu de croire qu'elle lui fut fidèle pendant sa vie et même pendant plusieurs années après sa mort. Car, ce n'est guère que vers 1535 ou 1536 qu'elle devint la maîtresse du fils puîné de François Ier, le futur Henri II, et les amours de cette femme de 35 ou 36 ans, avec un prince de 17 ou 18, furent même d'abord assez discrètes ; mais ce dernier étant bientôt devenu l'héritier présomptif du trône, par le fait de la mort de son frère aîné, Diane de Poitiers devint par cela même la rivale de la duchesse d'Etampes, maîtresse du roi, qui, se trouvant être plus jeune qu'elle de quelques années, la traita de " vieille ridée ". D'où une haine implacable entre ces deux femmes, qui eurent alors l'une et l'autre des écrivains à leurs gages, pour traduire leurs ressentiments en vers et en prose, en français et en latin, " la duchesse ne se contraignant en rien, en parlant de la sénéchale, dit Varillas, au lieu que celle-ci cachoit, sous de feintes démonstrations de respect et de complaisance, le dépit qu'elle avoit du mépris qu'on faisoit d'elle. "
Or, s'il en fut ainsi jusqu'à ce que son amant eût ceint la couronne, après 1547 Diane régna, on peut le dire, sur la France en même temps que sur le cœur du roi ; tel était, en effet, son empire sur ce prince, qu'il ne lui refusa jamais que le plaisir de faire infliger une peine plus forte que l'exil à sa rivale, la favorite du roi défunt ; et, du moment qu'elle put donner libre cours à ses appétits et à ses rancunes, elle n'y manqua certes pas. Ainsi, au bout de quelques jours, tous ceux de qui elle croyait avoir à se plaindre furent exilés et tous les grands emplois donnés à ses créatures ; après quoi elle partagea avec la reine le droit de confirmation des offices, c'est-à-dire le droit d'exiger de tous les magistrats et fonctionnaires du royaume une certaine redevance, comme don de joyeux avènement. Puis, elle obtint du roi le rétablissement pour elle du duché de Valentinois (8 octobre 1548), la concession de toutes les terres vacantes du royaume, et la confiscation à son profit des biens de ceux qui étaient condamnés pour cause de religion. Enfin, ayant formé dans ce but une sorte de ligue avec le connétable de Montmorency, le duc de Guise et le maréchal de Saint-André, " il ne leur eschappoit, non plus qu'aux arondelles, les mouches, estat, dignité, abbaye, office ou quelque autre bon morceau ", dit Vieilleville, et trafiquant de tout, on peut se faire une idée de sa rapacité par ce fait, que certains prisonniers faits en mer par le baron {266}de la Garde lui ayant été donnés, elle écrivait un jour à son cousin, le seigneur de Charlus, qui était chargé de ses intérêts dans cette affaire : " Vous regarderez qui en baillera le plus, des capitaines des galères ou des Génois. " Aussi amassa-t-elle une des plus grandes fortunes de l'époque tout en protégeant les lettres et les arts et faisant de son château d'Anet une des merveilles du xvie siècle, ce qui lui a valu d'être idéalisée et même divinisée par le pinceau et le ciseau des plus grands artistes de son temps, et tellement vantée, célébrée et chantée par quantité de prosateurs et de poètes, que l'impartiale histoire a peine à prévaloir contre la légende qui s'est ainsi formée autour de son nom, alors même que les victimes de son ambition, et tout particulièrement les protestants qu'elle détestait et fit persécuter, l'ont peinte sous les plus noires couleurs. Quant à la haine de Diane pour les protestants, elle ne fut que la continuation de sa haine pour la duchesse d'Etampes, sa rivale, qui protégea, sous François Ier, les partisans de la Réforme ; car, s'il est une passion qui prima, chez la maîtresse d'Henri II, celle des richesses et du pouvoir, c'est la haine. Elle fut implacable à ce point qu'on a prétendu, non sans quelque raison, que la haine des Guises pour Coligny et, par suite, l'assassinat de ce dernier, le 24 août 1572, eut pour cause première un mot souverainement injurieux de l'amiral à l'adresse de Diane, qui s'en vengea en faisant passer chez son gendre, le duc d'Aumale, les sentiments que lui inspira cette injure. Ce mot " a peutêtre eu plus de part au massacre de la Saint-Barthélemy que la religion, qui, selon les apparences, n'en a été que le prétexte ", lit-on, en effet, dans un recueil de critiques cité par Bayle, qui ajoute : " Ceste Hérodias avoit peut-estre demandé la teste de l'Admiral. "
Et maintenant, quel fut le secret de Diane pour dominer comme elle le fit, pendant un quart de siècle un roi dont elle aurait pu être la mère et qui était intelligent et chevaleresque ? De son temps, on parla naturellement de sortilèges et de philtres magiques. Théodore de Bèze raconte qu'" elle possedoit le corps du Roy, non sans apparences de sorcellerie ", et le grave de Thou et le sceptique Bayle ne sont pas éloignés de croire qu'elle eut recours à la magie pour s'emparer du cœur d'Henri II. D'autres ont expliqué l'empire qu'elle eut sur ce prince par sa complexion amoureuse, tandis qu'il faut voir au contraire en elle une froide courtisane consommant sans passion l'asservissement du prince, par le moyen de qui elle put satisfaire sa soif de domination ; une femme dont la jeunesse extraordinairement prolongée tint autant à cette froideur de tempérament qu'à une constitution robuste, sans cesse consolidée par une excellente hygiène. Enfin, il en est qui prétendent que l'amour d'Henri II pour la veuve de Louis de Brézé fut un amour purement platonique, une sorte d'admiration uniquement inspirée par la rare supériorité intellectuelle de celle qui en fut l'objet, ce qui semble bien hasardé, mais n'en avait pas moins assez cours vers la fin du règne de François Ier, pour que l'ambassadeur vénitien Marino Cavalli écrivît : " Le Dauphin a pour elle une véritable tendresse, mais on pense qu'il n'y a rien de lascif " ; et l'on peut rappeler encore à l'appui de cette opinion que, bien qu'étant sous la domination de Diane de Poitiers, Henri II eut d'autres maîtresses, - celles-ci, les maîtresses des sens, tandis que l'autre était celle de la volonté, - notamment une Ecossaise du nom de lady Fleming, qui le rendit père d'un fils, et Diane Duc, une Piémontaise, qui lui donna une fille. D'où l'on peut conclure qu'abstraction faite de l'influence que ses charmes de beauté trop épanouie purent avoir sur le fils de François Ier, le secret de l'empire de Diane de Poitiers sur ce jeune {267}prince fut surtout dans sa grande vigueur morale, une volonté de fer jointe à la plus grande habileté. En un mot, cet empire fut l'action d'une âme forte sur une âme faible, et cette action fut si puissante jusqu'à la fin de celui qui la subit, que le roi Henri II portait les couleurs de sa dame, alors âgée. de 60 ans, lorsqu'il fut mortellement blessé dans un tournoi, le 29 juin 1559.
La mort de ce roi mit nécessairement fin au règne de Diane, qui apprit alors ce qu'il en est de semblables retours ; car, indépendamment de ce que la reine Catherine de Médicis, à qui elle avait " comme dérobé son mary par l'espace de son règne ", non contente de la chasser de la cour et de lui reprendre des joyaux, repris douze ans auparavant à la duchesse d'Etampes, en de semblables circonstances, la contraignit à lui céder, en échange du château de Chaumont, celui de Chenonceaux, qu'elle ne tenait nullement du roi, comme on l'a dit, mais bien du baron de Saint-Ciergue, qui le lui avait donné dans un moment de folle vanité, indépendamment de cela, disons-nous, elle eut le déboire de voir tous ceux qu'elle avait élevés et servis se retourner contre elle, pour faire leur cour, à la reine mère. Tavannes, brutal soldat, offrit d'aller couper le nez à celle dont il était, quelques jours plus tôt, un des courtisans, et le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, c'est-à-dire les frères du duc d'Aumale, un de ses deux gendres, l'abandonnèrent et la persécutèrent, le cardinal allant, si l'on en croit de Thou, jusqu'à dire au duc, qui défendait sa belle-mère, qu'il " devoit être content de s'être procuré, par un mariage inégal, de grandes richesses, ...mais que cette alliance le rendant odieux et couvert de honte, il était de l'intérêt d'une illustre maison d'effacer peu à peu de l'esprit des hommes le souvenir de cette infamie, en éloignant la duchesse de Valentinois de la cour. "
Il ne faut pas oublier, en effet, que le règne de François II fut celui des Guises ; c'est même à cela que Diane de Poitiers, qui se réconcilia ensuite avec eux, à la prière de son gendre, en les réconciliant avec le connétable de Montmorency, resté, par exception, son ami dans la mauvaise fortune, dut d'échapper un peu plus tard aux conséquences d'un procès qui fut alors intenté à un sieur Allemand ou Lallemand, son protégé, pour voleries de toutes sortes, commises vingtcinq ans durant dans les gabelles, avec sa complicité, assurait-on. C'était en 1564, au moment où l'ancienne maîtresse d'Henri II, confinée dans l'administration de son immense fortune et les pratiques de dévotion, se préparait à quitter le monde, ainsi que le prouve son testament, en date du 6 janvier de cette année-là, testament écrit de sa main et dans lequel se trouvent ces mots, fort éloquents dans leur simplicité : " Si d'aventure je deceddois à Paris, je veulx que mon corps soict porté à l'église des Filles Repenties. " Au seuil de la tombe, la pécheresse se repentait.
Il est dit également dans ce testament que si quelqu'un de ses héritiers contrevenait à ses dernières volontés, elle entendait que ce qui devait lui revenir fût partagé entre différents hôpitaux, parmi lesquels ceux de St-Vallier et d'Etoile ; de plus, elle donnait à ce dernier hôpital une somme de 500 livres, pour le cas où elle n'aurait pas exécuté les volontés de son père ou de son frère touchant cet établissement. Cela prouve qu'elle n'avait pas complètement oublié le pays natal, bien qu'elle ait vécu en dehors de son histoire et se soit tellement désintéressée même de l'histoire de sa famille, que deux généalogies des Poitiers, dressées pour elle, n'ont pas été imprimées. (V. Gautier (Jean)) et Vincent (Jacques.)
Diane de Poitiers mourut, ainsi que nous l'avons dit, le 27 avril 1566 à Anet, - où elle fut inhumée sous un magnifique monument orné d'une sta{268}tue, - ayant fait, quelques mois auparavant, une chute de cheval dans laquelle elle se cassa la jambe, et laissant de son mariage, avec le sénéchal de Brézé, deux filles, Françoise et Louise, dont l'aînée épousa Robert de la Marck, duc de Bouillon, et l'autre Claude de Lorraine, duc d'Aumale ; mais c'est tout à fait à tort qu'on a prétendu qu'elle eut un enfant d'Henri II, car il n'en est rien. A la suite de la découverte d'un jeton de la fin du xvie siècle, portant d'un côté : Magdalaine de Poitiers et les armoiries de la famille de ce nom, et de l'autre, le nom et les armoiries de Nicolas de la Montagne, un savant écrivain dauphinois a cru pouvoir affirmer, il est vrai, en s'étayant d'une note manuscrite d'André du Chesne, que cette Madeleine de Poitiers était une fille naturelle de Diane, née en 1555 et femme d'un fils du secrétaire et maître d'hôtel du duc d'Aumale. Seulement, il ne faut pas oublier qu'en 1555, Diane de Poitiers avait cinquante-cinq ans, ce qui n'est guère l'âge auquel une femme devient mère ; puis, on ne s'expliquerait pas que la duchesse de Valentinois, qui garda si peu le secret de ses amours avec le roi Henri II, n'ait pas seulement fait une allusion au fruit de ces amours dans son long testament ; enfin, il n'est pas admissible qu'une bâtarde de roi, dont la mère était de grande race et fort riche, en ait été réduite à épouser le fils du maître d'hôtel de son beau-frère. Cela nous amène à penser que Madeleine de Poitiers, dame de la Montagne, était tout simplement une fille des Poitiers-Vadans, cette branche de la maison de Poitiers qui s'établit en Champagne au xvie siècle et qui s'est éteinte au xviiie.
Ecrits de Diane de Poitiers ou la concernant :
I. Lettres inédites de Dianne de Poitiers, publiées d'après les manuscrits originaux avec une introduction et des notes..., par Georges Guiffrey. Paris, Lemerre, 1865, in-8º, avec portr. et fac-simile. - II. Notice sur Agnès Sorel, Diane de Poitiers et Gabrielle d'Estrée,... (par Q. Craufurt). Paris, J. Gratiot, 1819, in-8º avec portr. - III. Diane de Poitiers, par M. Capefigue. Paris, Amyot, mdccclx, in-18 angl. portant sur la couverture : Très haute et très puissante dame Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. - IV. Diane de Poitiers, dame de Saint-Vallier ; ses actes, ses prédécesseurs et ses successeurs, par A. Caise, Valence, J. Céas, mdcccxxi, in-8º 20 pp.
ICONOGRAPHIE. - Les traits de Diane de Poitiers ont naturellement été reproduits souvent et de toutes manières, par le ciseau, le burin, le pinceau et le crayon ; mais on n'a quand même qu'un nombre relativement restreint de portraits authentiques d'elle. Car, en fait de statues, il n'y a guère que celle qui ornait son tombeau et dont un moulage est au musée de Versailles, qui donne ses traits ; peut-être aussi une Ariane en marbre trouvée, il n'y a pas très longtemps, au fond de la Loire, non loin du château de Chaumont, et maintenant au musée de Cluny, les reproduit-elle. En tout cas, l'admirable Diane de Jean Goujon n'est pas un portrait. Signalons ensuite un médaillon en marbre, de Germain Pilon, qui se trouve au musée de Cluny et qui représente la maîtresse d'Henri II en Vénus, tandis qu'un autre, lui faisant pendant, représente Catherine de Médicis en Junon, la jalouse épouse de Jupiter.
Quant aux médailles à son effigie, elles sont au nombre de quatre, y compris un médaillon ovale de 0,037/0,028, sans légende ni revers, donnant le buste de Diane de Poitiers tournée à D. et coiffée en cheveux, avec un voile retombant sur la poitrine. L'une d'elles qui a été plusieurs fois reproduite en gravure par les procédés Colas, est du module de 52 mill. et porte d'un côté le buste de Diane tournée à G. et la gorge nue avec ces mots : Diana. dvx. Valentinorvm. Clarissima, æ. 26, qui sont une abominable flatterie, attendu que la maîtresse d'Henri II touchait à 49 ans lorsqu'elle fut faite duchesse de Valentinois ; de l'autre côté, on voit une Diane chasseresse foulant aux pieds un personnage ailé, qui pourrait bien être le Temps, et se lit la légende : Omnium victorem vici. La deuxième ne diffère de la précédente qu'en ce que Diane y est représentée avec un collier de perles au cou. Enfin, la troisième, qui est du même coin que la première, moins l'exergue æ. 26, donne au revers, avec cette légende : Oritur et lacte virescit, une Junon arrosant un lis de son lait, à côté d'une femme assise {269}représentant la France. Il y a, dit-on, des exemplaires de cette dernière médaille, qui ont au revers une lance brisée et pour légende : Lacrymæ hinc, hinc dolor.
Passant aux portraits proprement dits, Rochas ne croit à l'authenticité que d'un seul, un ancien dessin aux deux crayons, rouge et noir, faisant partie des collections de la Bibl. nat. et attribué à Janet, peintre de François Ier ; dessin qui représente Diane en buste de 3/4, coiffée d'une simple cornette sur des cheveux ondulés, et d'après lequel Ambroise Tardieu a fait une gravure in-8º, peu ressemblante, tandis qu'on en trouve, au contraire, un fac-simile des mieux réussis, dans le tome premier de Portraits des personnages français les plus illustres du xvie siècle, ...avec des notices, par P.-G.-J. Niel (Paris, Lenoir, 1848, 2 vol. in-fol). Mais, tout en comprenant fort bien que beaucoup de peintures données comme étant le portrait de la maîtresse d'Henri II ne sont en réalité que des compositions fantaisistes ou d'une attribution fautive, il n'est pas douteux que ce portrait se rencontre dans quelques tableaux du temps, et Ludovic Vitet estime même que le meilleur de tous est dans une Diane de Poitiers donnant une nourrice au duc d'Alençon devant la cour de France, peinture de Clouet probablement, qui faisait autrefois partie de la collection Lachnicki vendue en 1867, et dans laquelle Diane est représentée, le buste nu émergeant d'un fourrure, entourée de femmes complètement habillées.
Terminons, en disant que le portrait de Diane se trouve encore gravé sur une agate formant le milieu d'un collier de camées sur coquilles, à la Bibl. nat., et que là, elle a le front surmonté d'un croissant incrusté de pierreries.
#Biogr. Dauph., ii, 269. - P. Anselme, ii, 105. - De Gallier, Essai sur Clérieu, 108. - Th. de Bèze, Hist., ii, 1058. - Varillas, Hist. de François Ier, liv. XI, 97. - Th. de Béze, Hist. eccl., ii, 68. - De Thou, ii. 383 ; iii, 373 ; iv, 56. - Régnier de la Planche, 7, 8. - Brantôme, i, 298. - Lettres de Catherine de Médicis, i, 39. - Bayle, Dict. au mot Poitiers. - Mélanges crit. de litt., ii, 263. - Rev. Deux-Mondes, déc. 1853, art. de Lud. Vitet. - Larousse, Dict. - Bull. d'archéol., vi, 264.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

POITIERS (Jean de) 1.htm <-- Retour à l'index --> PONCE, évêque de Valence au xi.htm