MURAT DE LESTANG (Antoine de)



MURAT DE LESTANG (Antoine de)), dit le capitaine Lestang et M. de Lestang, un des meilleurs hommes de guerre du parti catholique en Dauphiné au xvie siècle, naquit vraisemblablement à Lens-Lestang, de 1510 à 1520. Deuxième fils d'Antoine, seigneur de Lens, et d'Hélène de Montchenu, il appartenait à une famille remontant à Bertrand de Murat, écuyer et échanson du dauphin Louis (XI), qui paraît s'être établi à Lens vers 1440, à la suite de son mariage avec Antoinette de Quincieu, fille et héritière d'Aymon. Ayant embrassé de bonne heure le métier des armes, il était guidon de la compagnie du seigneur de Vinay en 1560. Bientôt après lieutenant de la compagnie d'ordonnance du duc de Nemours, il se distingua tellement, pendant les guerres de religion, qu'il fut fait chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, le 26 août 1562. Or, ayant ensuite hérité des biens de sa maison, par le fait de la mort d'Aynard de Murat, son frère aîné, les ravages que les huguenots, conduits par Montbrun, firent dans ses terres, en 1567, l'irritèrent à ce point qu'il demanda aussitôt à servir contre eux ; et c'est ainsi qu'il prit part à la bataille de Jarnac (1569), où il se rencontra, dit-on, avec Montbrun et fut blessé.
A partir de ce moment-là, Lestang ne cessa pas de guerroyer contre les huguenots, surtout en Dauphiné, et se trouva notamment au combat du pont de Blacons (9 juillet 1575), où Montbrun fut fait prisonnier et où il fut lui-même " un peu blessé au bras gauche ", à ce que raconte Piémond. On prétend même que c'est à lui que le fameux chef huguenot se rendit et qu'il lui offrit 10,000 écus de rançon, que Lestang refusa : mais cela est en contradiction avec les récits des historiens, qui font honneur de la prise de Montbrun à Rochefort, son parent. Ce qu'il y a d'absolument certain, c'est que de Gordes, lieutenant du roi en Dauphiné, ayant, peu de temps après, à entretenir le duc de Nemours de l'" estat et disposition des affaires " dans la province, s'en remit pour cela " à la suffisance de Monsieur de Lestang " ; que le 7 février 1576, celuici obtint du roi une pension de 3000 livres, en récompense des services qu'il rendait depuis trente-cinq ans, sans avoir épargné " ny sa personne, ny ses biens ", et que, le 15 août suivant, il fut fait maréchal de camp et commandant en chef d'une armée {188}qui s'assemblait à Valence, où le roi devait se rendre.
Sept mois plus tard, Lestang était aux états généraux de Blois, en qualité de premier député de la noblesse du Dauphiné ; et telle était alors la faveur dont il jouissait que, le 5 mars 1577, c'est-à-dire aussitôt après la clôture des Etats, le roi lui fit don de 40,000 livres, en reconnaissance du désintéressement dont il avait fait preuve en maintes circonstances, puis le nomma membre de son Conseil privé.
On le trouve ensuite mêlé à quantité d'affaires importantes, et il fut notamment chargé, en 1586, de mener à Joyeuse des renforts, avec lesquels il prit part à la bataille de Coutras (1587) ; après quoi il revint en Dauphiné pour y être maréchal de camp général de l'armée du duc de Mayenne, chef de la Ligue.
Après la mort d'Henri III, il s'empressa de reconnaître Henri IV et prêta ensuite à d'Ornano, son lieutenant et le successeur de Mayenne, le concours de son expérience. Enfin, il mourut à Lyon, au mois d'octobre 1595, ayant fait reconstruire, deux ans auparavant, la chapelle de N.-D. de Châtenay sur Lens, que les huguenots avaient détruite, et laissant, entre autres enfants, de son mariage avec Marguerite de Sainte-Colombe de Piney, Jacques de Murat de Lestang, chevalier de l'ordre du roi, dont le fils Antoine obtint, en 1646, l'érection en marquisat, sous le nom de Lestang, de la terre et seigneurie de Lens, acquise en 1574 du domaine royal, ce qui explique le nom de Lens-Lestang donné depuis à la commune de Lens. Quant au château de cette seigneurie, qui était celui de la Saune, il fut pillé et incendié le 26 août 1789.
#Lacroix, Etudes sur le Grand-Serre - Chorier, Est. pol., iii, 332. - Arch. de Romans, BB, 8. - Roman, Doc. sur les guerres de rel., 250. - De Murat et Dugon, Génér. - Arch. de la Drôme E, 3562. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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