MULET (Antoine)
MULET (Antoine)), seigneur de Saint-Marcel en Graisivaudan, magistrat qui était, au dire de de Haitze, " homme de cœur et de profond jugement ", naquit, selon toute vraisemblance, à Romans, et, dans tous les cas, appartenait à une famille de monnayeurs que l'on trouve établie dans cette ville dès 1392 et dont la maison devait être des plus vastes et des mieux appropriées, à en juger par ce fait que le roi Henri II y logea, du 27 juin au 1er juillet 1511, et Henri III, le 15 janvier 1575. Licencié en l'un et l'autre droit, il était vicebailli de Viennois-Valentinois, autrement dit de Saint-Marcellin, dès 1463, date à laquelle les habitants de Romans, qui étaient de son ressort, se plaignaient de l'inobservation de certaines coutumes dans la tenue des assises, et, six ans après, on promulguait au nom de Jacques de Miolans, gouverneur du Dauphiné, une réformation des abus de la Cour majeure du Viennois-Valentinois, qui est évidemment l'œuvre de Mulet. Dix ans plus tard (1479), notre magistrat, dont la réputation était déjà grande, devint, dit-on, juge-mage de Graisivaudan ; mais il est à remarquer, cependant, que les lettres royales du 7 avril 1486, par lesquelles il fut pourvu d'une charge de conseiller au parlement de Grenoble, nouvellement créé, ne le qualifient pas autrement que " vibailli du Viennois-Valentinois. " Enfin, et c'est là son principal titre de gloire, le 28 janvier 1502, il fut nommé président unique du parlement de Provence, tout en restant conseiller au parlement de Grenoble, c'est-à-dire qu'un parlement ayant été institué à Aix, pour le comté de Provence, au mois de juillet 1501, et cette institution ayant donné lieu aux plus vives réclamations de la part de la noblesse provençale, qui ne voulait pas d'autre justice que celle des magistrats militaires, parce qu'elle est plus expéditive, il s'agissait d'organiser et d'établir la nouvelle cour, en dépit de toute opposition. Or, Mulet ne se borna pas à déjouer les projets des opposants, en inaugurant, le 18 novembre 1502, à Brignoles, à cause de la peste qui sévissait à Aix, le nouveau parlement ; il fit reconnaître son autorité dans tout le ressort et donna ensuite un règlement, aussi précis que détaillé, qui est l'œuvre d'" un esprit aussi ferme que libéral, ayant un sentiment élevé de ses devoirs et le souci de conserver à la Justice une considération sans laquelle ses décisions s'imposent comme une violence, au lieu de paraître l'expression de la vérité. " Indépendamment de cela, il mit fin à de longues difficultés entre les souverains de la Provence et le représentant du Saint-Siège dans le Comtat-Venaissin, en faisant accepter le concordat du 17 janvier 1507 ; après quoi, il s'empressa de revenir en Dauphiné, comme simple conseiller, n'étant pas de ceux qui vont " bélitrer en Cour le loyer de leur vertu. " Tel était, du reste, son amour du pays natal que, sans attendre d'avoir terminé sa tâche en Provence, il s'occupa, plus d'une fois, des affaires du Dauphiné. Ainsi voyons-nous qu'en 1506 il se {187}rendit à Romans et, de concert avec le président de la Chambre des comptes, Jean de Chaponay, décida, après visite des lieux, qu'un hôpital des infects ou des pestiférés serait construit aux frais de la ville, dans le quartier du Sablon ; et ce n'est pas, en somme, sans raison que le roi Louis XII lui témoigna toute sa satisfaction et lui accorda, en récompense de ses services, 200 livres de pension. Mulet ne jouit pas longtemps de cette récompense, car sa mort suivit de peu le 30 octobre 1509, qui est la date du dernier arrêt du parlement de Grenoble portant sa signature, et l'on ne voit pas que ses héritiers aient bénéficié des largesses du souverain. Marié, le 12 juin 1483, avec Bonne de Véry ou de Véroy, Antoine Mulet laissa, entre autres enfants : Théodore, seigneur du Mas, de Bagnol sur Châtuzange et de la Laupie, qui hérita de sa maison de Romans ; et Ennemond, seigneur de Saint-Marcel, qui fut, à son tour, conseiller au parlement de Grenoble (1521-1564), et qui fit, en 1542, un règlement pour l'élection des consuls de Romans. C'est ce dernier qui fit bâtir, " joinct à l'esglise-cathédrale de Grenoble ", une chapelle de Sainte-Croix, dans laquelle fut, diton, inhumé son père.
#Dr Chevalier, Arm. de Romans, 162. - Bull. de l'Acad. delph., 3e série, xviii, 101-169, art. de M. Bernard. - Arch. de la Drôme, E, 3698, 3701, 3800. - Bull. d'hist. ecclés., v, 92. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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