MARCEL (Pierre de)



MARCEL (Pierre de)), coseigneur de Savasse, magistrat protestant du xvie siècle, que l'on croit être de même souche que les Marcel-Blaïn, du Poët-Célard, mais d'une autre branche, était de Montélimar, où son frère Josserand et lui firent construire, rue des Taules, une maison qui est encore une des curiosités de cette ville, puis la dédièrent " au Dieu très bon et très grand, " le 4 septembre 1560, à ce qu'apprend une inscription sur marbre, ayant des figures mythologiques pour supports. Fils d'un Claude de Marcel, gentilhomme de Marsanne, qui prêchait la Réforme du côté de La Tour-du-Pin, en 1563, ce personnage, qui était avocat et docteur en droit, fut lui-même un des premiers et des plus fervents adeptes de Calvin, ainsi que le prouve une lettre que quatre autres Montiliens et lui adressèrent à Genève, le 10 août 1561, pour demander un ministre, ceux qui leur avaient été envoyés de Berne leur étant suspects, " pour n'avoir receu la discipline ecclésiastique et pour estre fauteurs de certaines erreurs " qu'ils abominent. Nous en avons une autre preuve dans ce fait, que c'est " ès maison du seigneur de Savasse ", que les gentilshommes protestants de Montélimar et des environs donnèrent, le 17 janvier 1562, tout pouvoir au juge Gabet, de Vienne, pour solliciter du roi l'autorisation " d'avoir temples pour prescher la pure parole de Dieu. " Aussi des Adrets s'empressa-t-il d'établir Pierre de Marcel " visénéchal de Valentinois et Diois, Montélimar et ressort, pour le service de Dieu et du roy ", lorsqu'il fut devenu maître de la contrée, ce dont ce dernier se prévalut moins pour rendre la justice à ses compatriotes que pour faire lever les contributions demandées par le farouche baron. Redevenu simple avocat, dès que l'autorité royale eût été rétablie à Montélimar, c'est-à-dire au mois d'avril 1563, il défendit alors opiniâtrement les intérêts de ses coreligionnaires dans le conseil de ville dont il faisait partie, mettant une telle aigreur dans ses rapports avec ses adversaires que, le 19 juillet 1568, il fit des " bravades " à l'un des consuls et à plusieurs conseillers, parce qu'ils le priaient de {120}prêter quelques meubles pour le nouveau gouverneur, Dorgeoise de la Tivolière. Homme de lutte, Pierre de Marcel prit, du reste, les armes peu de jours après cette scène de violence, pour accompagner Montbrun en Saintonge. Il s'agissait, on le sait, de secourir Condé et Coligny, aux prises avec le duc d'Anjou, et il tint vaillamment la campagne, jusqu'à ce qu'ayant perdu une jambe à la bataille de Moncontour, les huguenots le nommèrent alors gouverneur de Montagnac en Languedoc. Le resta-t-il longtemps, ou bien revint-il en Dauphiné avec Montbrun au commencement de 1570 ? On l'ignore. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'on parla de lui dès qu'il fut question de créer au parlement de Grenoble, une chambre comportant des magistrats protestants, et que, quinze jours après la signature de l'édit de Poitiers (17 septembre 1577), il fut nommé à l'une des charges de conseiller créées à cet effet. Mais ce n'est que le 10 décembre 1581 qu'il fut reçu dans cette charge, et encore sa réception ne lui permit-elle pas de siéger dans le Parlement, attendu que la chambre spéciale à laquelle il était affecté ne fonctionna, en réalité, qu'après la publication de l'Edit de Nantes (18 avril 1598). Or, à ce moment-là, Pierre de Marcel, retiré à Sauzet, n'était plus conseiller au parlement de Grenoble, ayant résigné sa charge, deux ans auparavant, en faveur de Jean de Barry, dont le fils devait être une illustration montilienne. Mais il n'en avait pas moins été, jusque-là, une des personnalités les plus importantes de la magistrature protestante en Dauphiné, car on le trouve surintendant pour le fait de la justice, à Montélimar, en 1588 et 1589, et cela tout en faisant partie du Conseil suprême de justice que Lesdiguières établit à Die en 1587, sous la présidence d'Innocent Gentillet, et qui y fonctionna jusqu'en 1598. Il y a de grandes raisons de croire que le seigneur de Savasse mourut peu de temps après avoir résigné sa charge, et conséquemment ne vit pas son fils unique, Louis de Marcel, hériter du brave du Poët, (Voir Blaïn ou Blan (Louis de)) puis épouser une fille de Gouvernet.
#Brun-Durand, Chambre de l'Edit, 86. - Lacroix, L'Arr. de Montélimar, iii, 129, 251. - Arch. Drôme, E, 3, 388. - J. Roman, Doc. sur la Réforme, 42, 137, 281. - De Coston, Hist. de Mont., 241, 300. - Pithon-Curt, Hist. de la nobl. du Comtat, ii, 238. - Bull. d'archéol., v, 462. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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