LE FERON (Gilles)
LE FERON (Gilles)), prédicateur et controversiste catholique étranger à notre département par sa naissance, mais lui appartenant par la plus grande partie de sa vie, était probablement de Bretagne. En tout cas, il dut, à ce qu'il raconte dans la préface d'un de ses livres, " traverser bien des pays pour venir en Dauphiné ", l'évêque de Valence, Charles de Leberon l'ayant " fait venir en ces quartiers avec beaucoup de difficultés " ; et il nous y apprend encore qu'" il fut assez heureux pour estre employé par l'Eglise au maniement des armes spirituelles, et que le Dauphiné fut durant sept ans le champ de bataille où il combattit l'erreur, et la cathédrale de Valence, le théâtre où il attaqua les vices pendant deux avents et trois caresmes. " Or, comme c'est en 1648 que Le Feron écrivait cela, il en résulte donc que c'est en 1640, au plus tard, qu'il vint comme missionnaire dans le diocèse de Valence, où il se fixa tellement qu'il y mourut le 26 juin 1690, étant alors docteur en théologie et en droit canon, prédicateur du roi, chanoine et curé de Valence, toutes charges et dignités qui lui avaient été conférées en récompense de son zèle comme missionnaire ; car ce n'est pas seulement pendant sept ans, mais bien pendant seize ans au moins que Le Feron joûta contre les ministres protestants de la région, ainsi que le prouve le dernier de ses écrits. Il y apprend, effet, qu'un certain nombre d'autres ecclésiastiques étant allés avec lui à Vernoux (Ardèche), sur la demande de l'abbé de la Tourette, pour y prêcher une grande mission, Chamier et une trentaine d'autres pasteurs huguenots suivirent cet exemple. Ce que voyant, les missionnaires catholiques résolurent alors d'attaquer les minis{91}tres " par prédications, conférences, escrits, cartels, etc., d'aller tous les jours les écouter dans leurs presches, et aussitôt après de réfuter leurs erreurs et leurs calomnies sur la place publique " ; et c'est Le Feron qui commença l'attaque par un sermon prêché sur la place publique, devant plusieurs milliers d'auditeurs. Seulement l'autorité civile refusa d'autoriser la réunion des ministres à Vernoux, dit un auteur protestant, tandis que Le Feron prétend, au contraire, que les ministres ayant reçu le cartel qu'il leur envoya, répondirent " qu'ils avaient autre chose à faire que de disputer, et le lendemain de grand matin ils partirent de Vernoux, à l'insu de tout le monde. "
A ces emplois et dignités, Le Feron ajouta dans ses dernières années la charge d'official du diocèse, et c'est à ce titre qu'il fit publier, en 1689, un monitoire enjoignant à tous les fidèles de faire connaître les assassins de Joseph Rozeron, notaire de la Roche-de-Glun, sous peine d'être excommuniés, " les cloches sonnantes, les chandelles allumées, puis éteintes et jetées contre terre, la croix couverte d'un voile et renversée, jetant de l'eau bénite pour chasser les démons, qui les détiennent liés et enchaînés. " Mais une plus grande preuve de son zèle religieux est la dotation qu'il fit, le 15 juin 1676, de sa maison, d'une grange qu'il avait au Bourg-lès-Valence, de son mobilier et de sa bibliothèque au séminaire de Valence, " tant pour la bonne instruction des jeunes ecclésiastiques élevés dans icelui, que pour les œuvres pieuses des prestres qui y sont employés. "
BIBLIOGRAPHIE. - I. Le triomphe de l'antiqvité orthodoxe et catholiqve, où les créances de l'Eglise de Dieu, catholique, apostolique et romaine sont prouvées par la parole de Dieu et des Saincts Pères des cinq premiers siècles, en forme d'instrvction catéchistique, pour l'usage des peuples chrestiens, catholiques et romains des diocèses de Valence et de Die. Valence, Mvgvet, 1648, in-8º de 20 ff. + 324 + 255 pp., dédié à l'évêque de Valence.
II. L'hérésie chassée de son dernier retranchement, où les abois des ministres sont fidèlement exposez au public sous les personnes des sieurs Cuchet et Murat, pasteurs de la religion prétendue réformée. Grenoble, Pierre Fremont, 1648. Cet écrit, qui est dédié à Monseigneur le duc de Lesdiguières, et dont il y a une seconde édition (Valence, Gvillermet et Mvgvet, 1652, in-4º de 2 ff. + 142 pp.), est une réponse à celui du pasteur Pierre Murat, intitulé : Le Feron convaincu sur le poinct de la transsubstantiation. Dye, 1648, in-12 de 117 pp.
III. Le tarif de la monnoie des ministres. Ouvr. qui ne nous est pas autrement connu.
IV. Traité du devoir et de la puissance du chapitre de l'église cathédrale, le siège épiscopal vacant. Valence, 1654, in-18 de 101 pp. dédié aux doyen et chanoines... de Valence.
V. Manifeste de ce qui s'est passé à Vernoux, bourg de Vivarez, pendant le Synode des Ministres de la Religion prétendue réformée, du mois d'avril de l'année 1657. Valence, Mvgvet, 1657, in-16 de 4 ff. + 189 pp. Cet écrit est dédié à l'évêque de Viviers ; Chamier y répondit en publiant : Les victoires imaginaires du sieur Feron. Orange, 1658, in-8º de 342 pp.
VI. Réflexions historiques et chrestiennes sur la sainte épine de la couronne de N.-Seigneur Jésus-Christ qui est dans la vénérable église cathédrale de Valence en Dauphiné. Grenoble, Charvys, 1658, in-18 de 28 + 6 pp.
VII. Profession de la foy catholique extraite du concile de Trente et prescrite par le pape Pie IV, en sa bulle de la profession de foy, mise à la fin de ce concile sous lequel et par lequel a esté conclu et confirmé ledit concile (publié par Gilles Le Feron, prêtre). A Grenoble, Provensal, 1685, in-16 de 88 pp.
Il y a encore de Le Feron :
VIII. Traité de la visite des seigneurs archevêques et évêques, selon l'usage du royaume de France, par messire Gilles Le Feron, prêtre, docteur de la faculté des SS. décrets en l'Université de Paris, prédicateur de la Propagation de la Foi. Nous ne connaissons cet ouvrage que par le mss. qui est à la bibliothèque de Grenoble, nº 549, et qui n'a peut-être pas été imprimé.
IX. Le chemin du Ciel aplani. Broch. de 38 pp. que nous ne connaissons pas autrement.
#Arch. Valence, GG. - Arch. Drôme, B., 382, 426 et 518. - E. Arnaud, Controv. relig., 49 et 50. - Bull. d'hist. eccles., ii, 32. - Ed. Maignien, L'impr. à Grenoble, 312, 392, 760. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
LEBRUN-TOSSA (Jean-Antoine).htm <-- Retour à l'index --> LÉGER (Leodegarius).htm