GILBERT (Etienne)
GILBERT (Etienne)), avocat et docteur en droit, né à Die vers 1587, était le fils aîné d'André, notaire et procureur, secrétaire épiscopal et receveur des décimes dans le diocèse de Die, bien que huguenot. Entré de bonne heure dans les conseils de cette ville, il ne cessa pas d'en faire partie jusqu'à sa mort, et compte parmi les plus importantes personnalités de la bourgeoisie dioise, pendant les cinquante premières années du xviie siècle ; car, indépendamment de ce qu'il fut un des trois députés du tiers état de Dauphiné aux états généraux de France, en 1614, et représenta les protestants de cette province dans le synode national de Privas (1612), puis dans la seconde assemblée politique nationale de la Rochelle (1617), il est assurément de ceux qui furent le plus mêlés aux affaires de sa ville natale et à celles de son académie. Ainsi figure-t-il, quoique fort jeune encore, parmi les représentants des protestants diois dans l'acte de fondation de l'académie de cette ville (28 octobre 1604), qu'il contribua puissamment ensuite à doter d'une imprimerie, et dont il fut le recteur, c'està-dire le chef, neuf années durant, en trois différentes fois (1612-1613, 1619-1620 et 1626-1630). Quant à son action sur les affaires municipales, elle fut si grande qu'on le trouve mêlé à toutes celles de son temps, et l'on peut, du reste, juger de son importance par ces deux faits : que le hautain et puissant Gouvernet, qui commandait alors à Die, ne crut pouvoir moins faire que de donner une fête à l'occasion du mariage d'Etienne Gilbert avec Marie de Véronne, en 1606, et que les consuls ayant décidé, en 1634, de faire jouer une pastorale devant l'évêque de Valence, seigneur du lieu, par des écoliers tant de l'académie protestante que du collège des Jésuites, ceux-ci ne consentirent à fournir leur contingent d'acteurs, qu'à la condition expresse que le " sieur Gilbert " examinerait préalablement la pièce que l'on se proposait de jouer, pour voir si elle ne contenait rien de " contraire au service du roy, à la piété et aux bonnes mœurs. " Telle était, du reste, l'importance d'Etienne Gilbert, non seulement à Die, mais en Dauphiné, qu'après avoir siégé en qualité de député du tiers état de la province dans les états généraux de 1614, il fut nommé conseiller protestant en la Chambre de l'Edit de Grenoble ; seulement, il ne fut pas reçu, à cause de sa parenté avec le président Ducros, et c'est évidemment en compensation de cet échec {382}que l'évêque, dont il était d'ailleurs le conseiller pour les affaires purement temporelles, le nomma son juge-mage. Indépendamment de cela, Gilbert obtint, au mois de mai 1652, des lettres de noblesse à l'enregistrement desquelles les consuls de Die s'opposèrent, sous prétexte que l'anobli était issu d'une famille de laboureurs, nommés vulgairement " Gonichons ", et de cabaretiers, en réalité parce qu'il en devait résulter une surcharge pour la communauté ; mais elles ne furent pas moins enregistrées le 4 avril 1653, c'est-à-dire quelques mois avant sa mort. C'est, en effet, le 5 novembre suivant qu'Etienne Gilbert mourut, étant alors depuis peu de temps " ancien juge-mage. " Terminons en disant que, de son mariage avec Marie de Véronne, notre Diois laissa, entre autres enfants, Alexandre Gilbert, sieur de Sallières, dont les descendants furent seigneurs de Luc-en-Diois, et Jean, sieur de Lhomet.
#Arch. Drôme, E., 2237, 2250. - Arch. de Die, FF, 23. - Inv. de la Chambre des comptes. - Brun-Durand, Les Amis de Jean Dragon, 91-93. - Etc., etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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