VINAY (Martin-Augustin)
VINAY (Martin-Augustin)), un des héros de l'époque révolutionnaire, naquit à Valence, le 10 nov. 1771, de François, marchand " blancher ", et de Louise Martin. Soldat au 3e bataillon de volontaires de la Drôme, qui forma ensuite la 18e demi-brigade et faisait alors partie de l'armée des Pyrénées-Orientales, il se trouvait à l'arrière-garde, quand cette armée, repoussée par les Espagnols après treize jours de combat sur les deux rives du Tech, dut se replier sur Argelès, et, ne pouvant suivre parce qu'il avait été blessé la veille, d'un coup de feu à la jambe, il allait tomber aux mains de l'ennemi, lorsqu'il se transperça de son sabre pour ne pas être pris vivant. C'était le 20 novembre 1793 ; mais ce n'est que le 7 novembre 1796, c'est-à-dire après que Grasset de Saint-Sauveur eut raconté le fait dans ses Fastes de la nation française (Paris, Deroy, 1796, in-4º), en accompagnant son récit d'une gravure sur cuivre, œuvre de Labrousse, représentant le héros en pied, tenant d'une main son fusil et de l'autre un sabre, et au bas de laquelle on lit : L'ennemi du moins ne m'aura pas vivant, que le Directoire le signala à la 18e demi-brigade, alors commandée par le futur général Fugière, en lui adressant deux exemplaires de l'article de Grasset de Saint-Sauveur, dont l'un devait être remis " à la famille de ce brave soldat. " Copie de cette espèce d'ordre du jour du Directoire ayant été alors envoyée à l'administration centrale du département de la Drôme, celle-ci arrêta, sept mois après, qu'à l'occasion du traité de paix de Léoben, il serait célébré une fête, à laquelle on inviterait " la famille de Martin Vinay, natif de Valence, volontaire au 3e bataillon de la Drôme dont la mort glorieuse honore le Peuple français " ; et qu'il serait élevé, ce jour-là, une " vénérable pyramide couronnée d'un vase cinéraire ", embellie de " la gravure qui trace le trait héroïque de Martin Vinay, l'historique de son action et le soin qu'a pris le Gouvernement de la consacrer à jamais " ; enfin, que " les orateurs placés sur un tertre, entouré de cyprès, offriraient à l'heureuse famille de Martin Vinay le tribut de la reconnaissance nationale ; son père, sa mère, son frère, ses sœurs et toute sa parenté recevant ensuite du président de l'administration centrale l'expression de l'admiration générale, l'accolade fraternelle, et les deux époux, " en outre, " un rameau de laurier enlacé de cyprès et orné du ruban tricolore. " Cette fête eut lieu, en effet, le 28 mai, un sieur d'Herquenne, adjoint au commandant de place, ayant composé, pour la circonstance, un " chant funèbre " dans lequel se trouvent ces vers, qui témoignent beaucoup plus de sa bonne volonté que de ses talents poétiques :
[Digne des beaux siècles de Rome,
Martin Vinay fut un grand homme,
Il s'immola pour le prouver.]
Il fut d'ailleurs publié, à cette occasion, un Recueil de chants civi{401}ques composés à Valence, département de la Drôme, pour la célébration de la fête de la paix, le 9 prairial an V de la République (28 mai 1797). Valence, s.d., in-8º de 13 pp.
Ensuite d'une délibération en date du 17 mai 1895, le nom de Martin Vinay a été donné à la rue des Bâches, et il y a, croyons-nous, au musée de Valence, un tableau de Louis Ageron, représentant la mort de ce héros valentinois.
#Biogr. Dauph., ii, 480. - Et. civil. - A. Rochas, Journ. d'un bourg., ii, 325, 340. - L'adm. cent. du dép. de la Drôme à ses concitoyens, in-4º de 10 pp., daté de prairial an V, imp. à Valence, chez la Ve Aurel. - Notes de M. E. Mellier. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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