TREILLARD (Nicolas-Joseph)



TREILLARD (Nicolas-Joseph)), frère puîné du précédent, né à Valence, le 15 décembre 1717, est, incontestablement, un des hommes qui contribuèrent le plus à la prospérité de sa ville natale au siècle dernier. S'étant adonné à la fabrication des bas, industrie dont son père peut être considéré comme l'importateur à Valence, bien que quelques-uns l'y aient exercée avant lui, mais toujours sans résultat, il ne se contenta pas d'augmenter et de beaucoup l'importance de l'atelier paternel, mais apporta de nombreux perfectionnements dans cette fabrication, en y ajoutant celle de tous les objets compris sous le nom de bonneterie, en laine, coton, soie et fleuret. Aussi la municipalité valentinoise, depuis longtemps à l'affût d'une industrie dont les développements profiteraient à la cité, convint-elle, en 1758, de lui allouer 600 livres par an, pendant dix ans, à la condition qu'il aurait au moins 20 métiers en activité dans sa fabrique et recevrait, chaque année, quatre apprentis, désignés par les consuls de Valence et du Bourg-lès-Valence.
Trois ans après (14 juin 1761), notre industriel ayant joint à la fabrication des bas celle des couvertures et les ouvriers faisant défaut, la même municipalité décida qu'un secours de 4 sols par jour serait accordé, pendant quelques mois, aux huit premiers sujets qui se présenteraient chez Treillard, pour y travailler à la filature et au cardage ; et, onze ans plus tard (1772), comme celui-ci, dont l'ambition grandissait avec le succès, demandait une subvention pour augmenter son outillage de 12 métiers à faire des bas et bonnets au crochet, imitant ceux de Suisse et d'Allemagne, l'intendant Pajot de Marcheval, qui fit tant pour le développement du commerce et de l'industrie en Dauphiné, offrit une gratification de 50 livres pour chaque métier, si la ville de Valence en donnait autant. Or, cette dernière, qui venait alors d'accorder l'exemption de toutes charges autres que la capitation à tous artisans munis de bons certificats, qui viendraient s'établir dans ses murs, céda gratuitement à Treillard, pour sa fabrique, l'usage d'une maison par elle acquise, seize ans auparavant, sur la place des Clercs, pour en faire un hôtel de ville et un corps de garde. Seulement, comme elle voulut ensuite reprendre ces locaux pour réaliser son premier projet, il s'ensuivit de longues difficultés avec notre fabricant de bas, qui se refusait à vider les lieux sans indemnité. Pour l'y décider, on lui fit bien avoir l'autorisation de construire une fabrique au quartier de la Robine, entre la tour carrée et les fossés, en s'appuyant sur les murs d'enceinte, ce qui constituait un sérieux avantage pour lui ; mais il ne s'en conte nta pas, et les choses restèrent encore pendant longtemps dans le même état.
Quant à la fabrication des bas, vulgarisée, on peut le dire, par Treillard, elle n'occupait pas moins de 400 ouvriers, répartis entre 20 ateliers, à Valence même, en 1781, date à laquelle la municipalité représentait au contrôleur général des finances, {377}que le plombage des bas, qui se pratiquait alors à raison de 21 sols par douzaine, constituait un impôt onéreux et vexatoire pouvant amener la ruine de cette industrie ; et, telle était la bonne qualité de cette fabrication, qu'à l'exposition des produits de l'industrie nationale, qui se tint à Paris, dans la cour du Louvre, au mois de septembre 1802, la bonneterie valentinoise tint fort honorablement sa place. Tous ces résultats étaient dus à Nicolas Treillard qui pouvait en revendiquer l'honneur ; ils furent la joie de sa vieillesse, car il ne mourut que le 14 mai 1807, ayant été plusieurs fois échevin, c'est-à-dire un des magistrats municipaux de Valence.
#Arch. de Valence, BB, 50, 52, 53 ; CC, 23, 55. - Lacroix, Essais sur Valence, 156. - M. Villard, Ann. de Valence, 129, 133, 138.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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