TERRASSON (Jeanne)
TERRASSON (Jeanne)), épouse Raymond, de Die, que nous croyons être une cousine du précédent, et dont le frère, Abraham, fut successivement pasteur à St-Pierreville, en 1670 ; à St-Fortunat, en 1671 ; à St-Sauveurde-Montagut, en 1672 ; au Chambon, {368}de 1672 à 1674 ; enfin, à Châteauneuflès-Vernoux, où il mourut en 1681, est l'auteur d'un récit de ce qu'elle fit et endura pour sa foi, après la révocation de l'édit de Nantes, récit qui a été publié par MM. Th. Claparède et Ed. Goty, dans le volume intitulé : Deux héroïnes de la foi. Blanche Gamond - Jeanne Terrasson. Récit du xviie siècle. Paris, Sandoz et Fischbacher, 1880, in-12. Mais, bien qu'évidemment écrit sous l'inspiration de Blanche Gamond (voir ce nom), sa compagne de captivité, qui en a du reste certifié la véracité, ce récit extrêmement diffus est d'une exaltation mystique moins touchante que celui de cette dernière. Quant aux faits qui y sont consignés d'une manière le plus souvent peu précise, ils peuvent se résumer ainsi : Un régiment étant arrivé à Die, au mois de septembre 1685, et les soldats ayant été surtout logés chez les protestants, les époux Raymond, qui étaient de ceux-ci, en reçurent, en deux fois, une vingtaine qui mirent d'autant plus leur maison à sac, que la femme enferma, par surprise, un de leurs chefs dans sa cave. Contrainte de s'éloigner, à la suite de cela, Jeanne Terrasson resta sept mois dans les environs, plus ou moins cachée et déguisée en homme ; après quoi les deux époux s'étant mis en route séparément pour la Suisse, Jeanne fut arrêtée non loin de Grenoble et emmenée prisonnière dans cette ville, où elle fut interrogée par le premier président et par le conseiller Morel d'Arcy et, sur son refus d'abjurer le protestantisme, condamnée à la détention perpétuelle. Internée, en vertu de cette condamnation dans l'hôpital de Valence, probablement en même temps que Blanche Gamond, avec qui elle s'était liée d'amitié dans les prisons de Grenoble, c'est-à-dire au mois de mai 1687, elle endura, comme celle-ci, les mauvais traitements que le trop fameux Guichard d'Hérapine infligeait à ses prisonnières, jusqu'au 11 juillet suivant, date à laquelle ce misérable, ayant été appelé à rendre compte de ses méfaits devant le parlement de Grenoble, s'enfuit en Savoie, pour échapper à la justice. Mais il est à remarquer, cependant, que tout en parlant, avec une exaltation bien excusable, des supplices infligés par son geôlier, Jeanne Terrasson est généralement peu précise, quant aux personnes qui les endurèrent, et donne très rarement à entendre qu'elle les ait subis elle-même.
D'Hérapine parti et leur détention continuant, quelques prisonnières, parmi lesquelles étaient Jeanne Terrasson et Blanche Gamond, tentèrent de s'évader pendant la nuit du 5 septembre, parce qu'on les avait menacées de les transporter en Amérique ; mais la corde qu'elles avaient faite pour cela, avec leurs draps de lit, s'étant rompue, alors qu'elles étaient encore à une grande hauteur, ces deux malheureuses femmes ne purent suivre les autres et furent, par suite, réintégrées en prison dans le plus triste état. Or, pour ce qui regarde Jeanne Terrasson en particulier, elle y resta jusqu'au 12 novembre, qu'elle fut relâchée, un sien beau-frère l'étant venue " quérir " de Die. Ayant quitté la France, le 3 mai suivant, elle se rendit alors à Genève et, de là, à Berne où, étant arrivée le 22 août, elle se fixa. C'est donc là qu'elle consigna, huit ans après, le souvenir de ses souffrances dans des pages enflammées, où le récit des faits est souvent interrompu par de pieuses invocations généralement empruntées aux psaumes, et toujours empreintes d'une grande haine du " papisme " et des " papistes ".
#E. Arnaud, Hist. des prot. du Vivarais, i, 682.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
TERRASSON (Paul).htm <-- Retour à l'index --> TERRISSE (David-Théophile).htm