SIBEUD (Hercule de)
SIBEUD (Hercule de)), seigneur de Saint-Ferréol et de Divajeu, homme de guerre, vraisemblablement né à Menglon, vers 1558, d'Alexandre, châtelain de ce lieu, et de Louise de Laval, était le petit-fils de noble Jean Siboudi, de Vif (Isère), qui acquit à sa descendance le nom de Saint-Ferréol, en achetant, le 5 novembre 1483, de l'évêque et du chapitre de Die, un tènement ainsi appelé sur le territoire de Menglon. Capitaine de 100 hommes de pied et lieutenant du comte de La Roche, gouverneur de Romans, dès 1587, il se fit, dix ans plus tard,{353}une réputation de bravoure et de loyauté en déjouant les projets de ce comte, qui voulait livrer la citadelle de Romans au duc de Savoie, allié des ligueurs. Ayant reçu l'offre de 20,000 écus, s'il voulait prêter son concours, il n'eut, en effet, rien de plus pressé que de dévoiler le complot aux chefs du Parlement, qui étaient alors à Romans, parce que la peste sévissait à Grenoble ; et, non content de cela, il prit aussitôt, de concert avec ces magistrats et les consuls, toutes mesures utiles pour déloger le traître de la citadelle, avant l'arrivée des troupes savoisiennes, que l'on disait être en route. Dans la nuit même du 19 octobre, on fit prêter aux notables romanais serment de fidélité au roi ; le lendemain, on expédia des courriers au dehors pour demander du secours ; et, le surlendemain, d'Ornano étant arrivé à la tête de la noblesse des environs et de quelques autres troupes, on somma La Roche de se rendre. Puis, comme il s'y refusa, la place étant investie, on en fit le siège ; et ce n'est qu'après avoir échangé quelques centaines de boulets avec les assiégeants, que les assiégés vidèrent la place. Encore faut-il bien dire que cette évacuation fut moins la conséquence d'une victoire que le résultat d'un marché. Du Poët, un des lieutenants de Lesdiguières, étant arrivé au camp des assiégeants avec 800 arquebusiers et 60 cavaliers, le 22 octobre, offrit, au bout de deux jours, d'aller en parlementaire auprès du comte de La Roche ; mais d'Ornano, tout en acceptant son offre, se hâta d'entamer, de son côté, des négociations avec ce dernier, qui put s'en aller librement, avec sa femme en croupe, ayant reçu 4666 écus pour ses gages de gouverneur et la solde de sa compagnie pendant les six derniers mois. D'Ornano expliqua ensuite ces conditions plus que libérales, par la crainte qu'il avait eue de voir du Poët " s'emparer de la citadelle de Romans et par ce moien jetter la guerre civille en la province " ; tandis qu'en réalité il n'avait pas eu d'autre crainte que celle de se voir enlever l'honneur du succès.
Enfin, le siège de la citadelle de Romans dura quatre jours et coûta 16,794 écus à la province, dont 2,833 pour 100 quintaux de poudre et 500 boulets. Quant à Saint-Ferréol, la place prise, on la lui confia aussitôt (30 octobre 1597) ; puis, on le récompensa de sa fidélité et de son zèle en le faisant, peu de temps après, capitaine de 200 hommes et gouverneur de Romans (23 décembre 1591), ce qu'il fut jusqu'au 29 janvier 1607, date à laquelle ses intérêts l'appelant à Die, on le nomma gouverneur de cette ville, où il mourut, le 30 septembre 1626, et fut inhumé dans la nef de l'église cathédrale.
Marié trente-sept ans auparavant avec Suzanne de Giraud, dame de Divajeu, Hercule de Sibeud laissa un fils appelé Alexandre, qui lui succéda comme gouverneur de Romans, sur la demande des consuls de cette ville, à qui le roi voulut " donner contentement et satisfaction, encore que ce fût chose extraordinaire ", tant le souvenir de la conduite du seigneur de Saint-Ferréol, lors de la trahison du comte de La Roche, était toujours vivant chez les Romanais.
#Arm. Dauph., 700. - Revue des Alpes. - Dr Chevalier, Annales, 108. - Bull. d'archéol., xviii, 50, 93. - Arch. Drôme, E, 3672. Item, de Romans, BB, 21. - Item, de Die.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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