SAUVAIN (Pierre)
SAUVAIN (Pierre)), seigneur du Cheylard, un des premiers lieutenants de des Adrets, était le fils de Louis, qu'on prend souvent pour lui. {336}Je précise : famille d'Aoûste, près Crest, qui pourrait bien avoir la même origine qu'une famille bourgeoise de Montélimar, portant le même nom, les Sauvain ou Sauvaing étaient représentés, en 1518, par Jean et Etienne Salvanhi, marchands dudit lieu d'Aoûste, qui eurent pour héritiers Louis Sauvain. Celui-ci ayant acquis, en 1526, la seigneurie du Cheylard ; deux ans après, celle de Marches en Valentinois, qu'il ne conserva pas ; puis, celles de Piégros, de Barry, de Vercheny, de St-Sauveur et de Chastel-Arnaud, qui restèrent dans sa famille, se qualifia dès lors noble et écuyer, et même délaissa parfois son nom patronymique pour se faire appeler Louis d'Aoste, ainsi que cela se voit notamment dans le dénombrement qu'il fournit de ses biens, le 5 octobre 1540. Or, marié avec Angélique Lauze, Loze ou Lauxe, ce Louis Sauvain eut deux fils et trois filles : Françoise, " l'aisnée ", dont le contrat de mariage avec Antoine Garcin (voir ce nom), lieutenant particulier au siège de Crest, est en date du 4 janvier 1544, - elle épousa en secondes noces Claude de St-Rémy, vibailli de Graisivaudan, de qui elle était veuve en 1590 ; Françoise, " seconde du nom ", dont le contrat de mariage avec François de Mirabel, coseigneur dudit lieu, est du 1er juillet 1547, - elle eut pour second mari Félix Bourjac (voir ce nom), sénéchal du Valentinois et du Diois ; Lucrèce, femme d'Antoine des Massues, seigneur du Mas ; enfin, Pierre et Antoine Sauvain, qui sont dits, le premier, seigneur du Cheylard, et l'autre, seigneur de Piégros, dans l'acte du 8 avril 1562, par lequel nombre de gentilshommes, assemblés à Montélimar, chargèrent Jean de Moreton, seigneur des Granges, de déclarer aux Etats de Dauphiné qu'ils entendaient " vivre selon la pure doctrine de l'Evangile, et non à la façon romayne. " C'est là une preuve que Louis Sauvain, leur père, dont le testament est, du reste, du 18 février 1553, était mort à ce moment, et conséquemment que ce n'est pas lui, mais son fils aîné, qui est le du Cheylard qui se trouva à la prise de Valence, par des Adrets, le 25 avril 1562, et fut même, dit-on, pour quelque chose dans l'assassinat de La Motte-Gondrin.
Sept mois après (11 décembre 1562), Pierre Sauvain du Cheylard était désigné, conjointement avec son compatriote Quintel (voir ce nom), pour faire partie du conseil de guerre des églises réformées du Dauphiné ; il siégeait encore dans ce conseil en 1568, date à laquelle on le voit, un moment, figurer comme gouverneur de la place de Die, puis lever, pour le compte du baron d'Acier, un régiment de 11 enseignes ou compagnies, à la tête duquel il fit, ainsi que Mirabel, Montbrun (voir ces noms) et autres, cette malheureuse campagne de Saintonge, dans laquelle sept régiments dauphinois accourus au secours de Condé furent à peu près détruits. Battu à Jarnac (16 mai 1569) et à Moncontour (3 octobre), il fut chargé, entre l'une et l'autre de ces désastreuses batailles, du commandement de St-Jean-d'Angély, place qui abritait les jeunes princes de Béarn et de Condé, espoir du parti huguenot ; enfin, revenu en Dauphiné au printemps de 1570, il y était, dix mois après, " commissaire commis et depputé pour faire la taxe, imposition et levée de deniers imposée sur les subjectz de la R. P. R. et autres ayant biens en icelle. " A la St-Barthélemy, il s'enfuit à Genève, où il fut reçu habitant, le 14 octobre 1572, et d'où il ne revint, au bout de deux ans, que pour s'entendre avec Montbrun, touchant la conduite à suivre dans l'intérêt de leur parti. " Aulcungz estimoint que c'estoyt pour parlementz de paix ", dit Thomas Gay, à la date du 11 décembre 1574. En 1575, une dernière charge lui fut imposée, celle de représenter les protestants dauphinois dans l'assemblée politique qui se tint à Montpellier, au {337}commencement de juillet. Il reçut aussitôt de cette assemblée mission de traiter de la paix avec le comte de Cariès et le duc d'Uzès, chefs du parti royaliste en Provence et en Languedoc, et revenait d'auprès d'eux lorsqu'il mourut à Nîmes, le 8 août de cette année-là, suivant la plupart des auteurs, - le 24, suivant Pérussis, - laissant de son mariage avec Hortense Cenami, qu'il avait épousée le 5 novembre 1564, le suivant.
#Biogr. Dauph., ii, 396. - Fr. prot., ix, 194. - Piscis, notaire à Crest. - Inv. Ch. des comptes. - Arch. Drôme, B, 775 et E, 3619, 4061. - De Coston, Hist. Mont., ii, 242, 292. - Mém. d'Eust. Piémond, 544. - Mém. des fr. Gay, 87. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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