POITIERS (Eustache de)



POITIERS (Eustache de)), étant comme nous l'avons vu, fils puîné du comte Aimar Ier de Poitiers et de la légendaire comtesse de Marsanne, ne saurait être désigné sous un autre nom que celui de son père ; mais il est à remarquer cependant qu'on l'appelle, du nom de sa mère, Eustache de Marsanne, dans l'acte par lequel Odon, évêque de Valence, vendit en 1158 l'île Eparvière aux chanoines de Saint-Ruf, et que dans quantité d'autres actes il n'est appelé que Eustache, prévôt de Valence, ou même tout simplement Lo Prebost de Valenza, ce qui est une preuve de l'importance du personnage. Et de fait, Eustache de Poitiers fut, tout à la fois, un des hommes les plus considérables de notre contrée au xiie siècle, et, comme tant d'autres, un troubadour ; car, indépendamment de ce qu'on lui attribue quelques pièces de vers, on sait que le troubadour Guilhem de Saint-Grégori oppose la générosité du " bon prévôt " à l'avarice de son neveu le comte Aimar II, dans une pièce satirique imitée de la sextine d'Arnaut Daniel.
Cela dit, constatons qu'Eustache de Poitiers étant entré de bonne heure dans les ordres était chanoine de la cathédrale de Valence dès 1158, et que devenu ensuite prévôt, c'est-àdire le second dignitaire du chapitre, en même temps qu'abbé du Bourglès-Valence, les deux charges étant réunies, il fut un des plus insignes bienfaiteurs de cette dernière église, ainsi que des religieuses de Bonlieu, fondées par sa mère, et des chanoines de Saint-Ruf. Par contre, il eut de grosses difficultés avec les Hospitaliers à propos du mandement de Cléon, donné à ces derniers par son oncle et prédécesseur, le prévôt Guillaume, qui fut ensuite évêque de Viviers, et de telles difficultés que le comte Aimar II, son neveu et son héritier, céda en 1227 la moitié du château de Saint-Gervais auxdits Hospitaliers, en compensation des torts à eux faits par ledit Eustache. Quant à l'importance du personnage au point de vue féodal, elle peut se mesurer à ces faits que notre prévôt est le premier nommé parmi les témoins de l'acte par lequel Raymond de Saint-Gilles, duc de Narbonne, comte de Toulouse et marquis de Provence, céda ses droits sur le Diois au comte de Valentinois, Aimar II (1189), et qu'en 1210, on le voit figurer au même rang que ce dernier dans un autre acte.
#Codex Sti Ruffi, ch. 32. - Hist. Languedoc, x, 295-385. - Cart. Bourg-lés-Val., 15, 19, 40, 58. - Dº de Saint-Chaffre, 185, 187. - Lacroix, L'Arr. de Mont., i.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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