MONTCHENU (Jean de)



MONTCHENU (Jean de)), évêque de Viviers, que l'on appelle aussi Philibert et qui était, dit-on, frère d'Antoine de Montchenu, - un des héros de Fornoue (1495), qui fut ensuite bailli du Viennois-Valentinois, - bien qu'il doive être plutôt son oncle, prit l'habit religieux dans l'abbaye de St-Antoine et était célérier {164}de ce monastère lorsqu'il fonda, en 1441, une chapelle de la Ste-Trinité, sous le clocher de l'église. Il dut être ensuite employé dans les maisons que les Antonins avaient au delà des Alpes ; car, le Pape l'ayant nommé évêque d'Agen, alors qu'il était pourvu de la commanderie de Ranvers au diocèse de Turin (1477), tandis que les chanoines de cette église élisaient de leur côté, pour évêque, Jean du Bois, Jean de Montchenu resta en Piémont, dont le souverain le chargea aussitôt d'une mission auprès du roi Louis XI. Or, notre commandeur de Ranvers plut tellement à ce dernier qu'il le chargea à son tour d'une mission auprès du duc de Bretagne, puis lui fit avoir l'évêché de Viviers.
C'était en 1478, mais ce n'est qu'en 1479 qu'il prit possession de son siège, le nouveau prélat, qui était comme tant d'autres, homme de guerre plutôt que d'église, ayant voulu préalablement mener à terme une campagne commencée contre l'évêque de Genève, Jean de Savoie, dont il pilla la demeure avec l'aide de quelques hommes d'armes, et naturellement, il ne changea pas de caractère en coiffant la mitre ; si bien que, dès 1482, il était en querelle avec les officiers du roi en Dauphiné, parce qu'il prétendait affirmer, à leur encontre, des droits de souveraineté sur les terres de Donzère et de Châteauneufdu-Rhône dépendantes de son évêché. L'an suivant, il eut des difficultés avec les habitants de la dernière de ces terres à propos de la dîme ; en 1484, on le voit disputer à l'abbé de Cruas tout droit de juridiction sur les religieux de ce monastère, et s'il reconnut volontiers, en 1485, les libertés et franchises des habitants de Donzère, dont les titres avaient été consumés dans un incendie, tout autres furent ses rapports avec les habitants du Bourg-Saint-Andéol, qui lui reprochaient d'entretenir des hommes de guerre chez eux pour les molester ; et il en fut de même avec les habitants de sa ville épiscopale, qui plaidèrent pendant longtemps contre lui, à propos d'un subside injustement réclamé. Un autre différend de ce prélat est celui qu'il eut avec l'abbé de Saint-Antoine, attendu qu'en dépit des constitutions de l'ordre, il avait non seulement conservé son office de célérier de l'abbaye-mère et la commanderie de Ranvers, mais encore s'était fait donner, par le pape, en 1487, la commanderie de Troyes, la confiance qu'il inspirait à la cour de Rome étant telle qu'en 1491, et le 12 mai, il fut chargé, conjointement avec quelques autres, de se prononcer entre les religieux de l'abbaye de Montmajour et les Antonins qui prétendaient les uns et les autres posséder les reliques de saint Antoine.
Ajoutons que Jean de Montchenu fit commencer, en 1495, le château de Largentière et que, deux ans plus tard, il occupait encore le siège de Viviers ; seulement, ayant été fait prisonnier, cette année-là, par des pirates, alors qu'il se rendait à Naples par mer, ce n'est qu'au bout de sept ans de captivité qu'il fut délivré par les religieux de la Merci, qui le ramenèrent en France, où il mourut en 1506, laissant jouir en paix de son évêché Claude de Tournon, qui en avait été pourvu en 1498.
#Gall. Christ., xvi, 581. - De Bannes, mss. - Columbi, De reb. gest. episc. Viv. - A. Falco, Ant. hist., 103. - Lacroix, L'Arr. de Mont., iii, 182. - C. B., Notice sur l'égl. de Cruas, 9. - J. Ferrand, La princ. de Donzère, 130. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

MONTCHENU (Falques de) 1.htm <-- Retour à l'index --> MONTCHENU (Marin de).htm