MONTAUBAN (Randone de)
MONTAUBAN (Randone de)), fille et héritière du précédent et la dernière de sa race qui ait possédé la baronnie de son nom, a comme une auréole dans la tradition, qui l'appelle volontiers " très puissante et très altière baronne ", et qui a donné son nom à une tour des anciennes fortifications de Nyons, convertie de nos jours en chapelle. Or, cela s'explique d'autant moins qu'on ne raconte pas de fait pouvant justifier cette bienveillance de la tradition pour Randone, qui semble du reste s'être fort peu occupée de la baronnie de Montauban. Car, mariée d'abord avec Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel, un des plus puissants seigneurs du Languedoc, à qui elle donna un fils appelé Ronsolin, qui se croisa en 1269, menant avec lui vingt chevaliers, elle ne revint évidemment auprès de son père qu'après la mort de ce premier mari ; et si, à l'occasion d'un second mariage qu'elle contracta avec Raymond-Geoffroy de Castellane, le vieux Dragonet de Montauban, son père, lui abandonna partie de ses droits, ainsi que permettent de le supposer les nombreux hommages par elle reçus à partir de 1276, nous savons par d'autres que, dès 1278, Raymond-Geoffroy de Castellane s'intitulait, seigneur de Montauban, à cause de la dot que lui avait constituée sa femme, - racione dotis sibi constitute per dominam Randonam, dominam Montis Albani, heredem domini Dragoneti, ce qui ne prouve pas que Randone fût aussi altière que le dit la tradition, - et, de plus, qu'elle donna ensuite, par acte passé à Montpellier, dans le palais du roi de Majorque, le 2 novembre 1284, sa baronnie à son fils Ronsolin, seigneur de Lunel, sous réserve de l'usufruit, étant alors veuve pour la seconde fois, bien que certains généalogistes prétendent que son deuxième mari devint plus tard, par le fait d'un autre mariage, la tige des Castellane de Salernes.
Combien de temps vécut-elle après avoir fait cette donation ? On ne le sait pas d'une manière absolument précise ; mais le testament de sa sœur Dragonette, en date du 27 janvier 1291, nous apprend qu'elle était alors morte et inhumée dans la chapelle des Frères Mineurs de Valréas ; et, comme les feudataires de la baronnie de Montauban ne prêtèrent hommage à Ronsolin qu'en 1292, il y a tout lieu de croire que son décès n'est pas antérieur de beaucoup à ce testament.
Pour ce qui est de la baronnie de Montauban, passée alors en des mains {161}étrangères, elle devait être bientôt et d'autant plus facilement absorbée par les Dauphins, qui la convoitaient, que Ronsolin de Lunel fut lui-même le dernier de sa race et que l'héritage de sa mère était grevé de dettes tellement énormes que son oncle Hugues Adhémar, seigneur de Lombers, à qui il la légua, en ayant pris possession en 1295, la céda sept ans après au Dauphin, à la seule charge de désintéresser les créanciers dudit Ronsolin.
#Lacroix, L'Arr. de Nyons, ii, 42 et 128. - Hist. du Languedoc, iv, 140, 265. - Inv. des Dauphins, 250, etc. - Valbonnais, ii, 115, 118. - Arch. de l'Isère, B, 3159. - Dº des Bouches-du Rhône, B, 1088. - Bull. d'archéol., xxii, 450, art. de M. Jules Chevalier. - Inv. Morin-Pons, i, 8. - Etc. etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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