MILON (Alexandre)
MILON (Alexandre)), évêque de Valence et l'un des bienfaiteurs de cette ville, naquit à Paris le 16 juin 1688, d'Henri, seigneur de Mesne, Varenne et Lernay, intendant général des turcies et levées et ponts et chaussées, grand maître des eaux et forêts en Poitou, Aunis, Limousin, Marche et Nivernais, et de Jeanne-Françoise-Angélique Colin des Fourneaux. Il était docteur de Sorbonne, prieur de Villers-St-Sépulcre, prévôt d'Oé en l'église de Saint-Martin de Tours et aumônier ordinaire du roi, lorsqu'il fut nommé évêque de Valence, le 4 mai 1725. Sacré à Paris, le 31 mars de l'année suivante, il prit possession de son siège par procureur, quatorze jours après, et l'occupa jusqu'au 18 novembre 1771, qui est la date de sa mort ; il avait été, en outre, pourvu de l'abbaye de Léoncel, le 10 janvier 1729, et, le 16 octobre 1742, de celle de Saint-Benoît-sur-Loire, qu'il habitait lorsqu'il mourut. " Prélat très connu dans l'Eglise et dans la République des lettres par ses instructions pastorales et ses mandements ", suivant les Mémoires du temps, il était, avec cela, bon prédicateur, si l'on en croit Mme du Châtelet, qui, racontant au duc de Richelieu ce qui se passa dans l'As{146}semblée générale du clergé de 1735, dit : " M. de Valence y a fait la plus belle harangue que j'aie encore entendue. " Mais ce qui nous intéresse bien davantage, c'est que, pendant ses quarante-cinq années d'épiscopat et même après sa mort, cet évêque fit beaucoup de bien à sa ville épiscopale et à son diocèse. Indépendamment de ce que ses aumônes courantes aux pauvres furent toujours abondantes et de ce qu'il donna à sa cathédrale, en 1754, des orgues coûtant 20,000 livres, plus 12,000 livres pour assurer le traitement de l'organiste ; trois ans après, un maître-autel de 14,000 livres, puis des tapisseries, des vases sacrés, des grilles ; il fit, enfin, reconstruire à ses frais la chapelle Saint-Etienne, et peut être considéré, en effet, comme le restaurateur ou le fondateur de plusieurs établissements de Valence : par exemple, du séminaire qui avait été fondé en 1638, mais qui manquait de ressources lorsqu'il lui unit la cure de Saint-Jean (26 juillet 1728), puis l'abbaye de St-Thiers de Saoû (4 septembre 1730) ; de l'Université, qu'il réconforta en lui faisant unir les séminaires de Viviers, du Bourg-Saint-Andéol, de Lyon, du Puy et de Clermont ; et surtout des Frères des Ecoles chrétiennes, qui furent fondés en grande partie grâce à ses libéralités au mois de mars 1731. Terminons en disant que par testaments en date des 15 décembre 1766, 21 juin 1770 et 21 avril 1771, cet évêque institua, pour héritiers universels, les " pauvres présents et à venir, retirés dans l'hôpital général ", lesquels héritèrent, de ce chef, de 260,000 livres placées sur le clergé, 150,000 livres sur l'hôtel de ville de Lyon et 90,000 livres sur les états de Bretagne, plus le mobilier de ses maisons de Paris, de Valence et de St-Benoîtsur-Loire, y compris l'argent monnayé qu'on y pourrait trouver et les arrérages de ses fermes. Il légua, en outre, à la sacristie de sa cathédrale un portrait de son oncle, Louis Milon, évêque de Condom (1693-1737), par Detroy, et le sien, par Rigaud, plus un tableau du Dominiquin, représentant Jacob lorsqu'il reçoit la robe de Joseph ; à la chapelle St-Etienne, ses autres tableaux de piété, y compris une Madeleine par Lebrun et les " Sept Sacrements en mosaïque et bois de rapport " ; enfin, à l'hôtel de ville, un grand portrait de Louis XIV. Aussi le corps municipal ne manquat-il pas de faire célébrer un service solennel pour Mgr Milon, le 29 février 1772, jour où l'on apporta à Valence le cœur de ce prélat, qui fut déposé au pied du premier pilier du chœur de la cathédrale, et d'acheter ensuite, à la vente de ses meubles, entre autres choses, son portrait, qui fut placé à l'hôtel de ville, dans la salle des délibérations, " parmi les portraits des princes et des rois ", dit Michel Forest qui, s'inspirant des mêmes sentiments, ajoute : " On le devoit pour honorer la mémoire d'un si grand bienfaiteur. "
On a de ce prélat, outre de nombreux mandements :
I. Ordonnances synodales... Valence, J. Gilibert, 1728, in-12 de 388 pp. + 4ff.
II. Discours... en bénissant... les drapeaux du régiment du Mayne, le... 19 avril 1729. Valence, J. Gilibert, in-4º.
III. Epistola illustrissimi et reverendissimi episcopi et comitis Valentinensis sacræ facultatis Parisiensis doctoris, ad dominum de Romigny, ejusdem facultatis syndicum. S.l.n.d., in-4º. Ecrit relatif à l'appel de la constitution Unigenitus, par la faculté de théologie de Paris.
IV. Catéchisme à l'usage des écoles chrétiennes... Valence, 1734, in-12 de 130 pp.
V. Harangue faite au Roy, à Versailles, le mercredi 14 septembre 1735... à la clôture de l'Assemblée générale du clergé. Paris (Valence), Gilibert, mdccxxxv, in-4º de 8 pp.
VI. Discours... aux Carmélites de la rue Saint-Jacques, le 18 juin 1743, en y faisant la présentation du corps de {147}Mme la duchesse Louise-Françoise de Bourbon, fille du roi Louis XV. S.l., impr. de Gilibert, in-4º.
VII. Discours à Son A. R. l'Infant dom Philippe, à son passage à Valence, le 22 février 1744. Valence, Gilibert, in-4º de 3 pp.
VIII. Discours... en bénissant, dans l'église des... Jésuites de Tournon, les drapeaux du régiment de Bretagne, le 29 juin... Valence, Gilibert, s.d., in-4º de 4 pp.
IX. Discours à la présentation du corps et du cœur de... Madame la duchesse d'Orléans, dans l'église royale du Val-de-Grâce, sa sépulture. Paris (Valence), Gilibert, 1759, in-4º.
X. Discours... prononcé à la présentation du corps de S.A.S. Madame la duchesse de Modène, dans l'église royale du Val-de-Grâce, le 23 janvier 1761. Paris, A. Boudet, 1761, in-4º de 8 pp.
XI. Eloge funèbre de... Marie de Leczensky,... (8 juillet 1768) signé à la fin : " Alexandre Milon ". Valence, Viret, s.d., in-4º.
XII. Instruction... aux confesseurs de son diocèse... Valence, J.-J. Viret, 1781, in-8º de 35 pp.
ICONOGRAPHIE. - I. Portr., gr. in-fol. Micorps de face à G., dans cadre de 0,427/325. Peint par Rigaud, gravé par C. Drevet, avec armoiries au bas.
#La Chesnaye des Bois, Dict. général, v, 578. - Gall. Christ., xvi, 340. - Arch. de Valence, BB, 52, 66-56. - Michel Forest, Annales, 52, 104. - Marius Villard, Ann. Valent., 108-129. - Nadal, Hist. de l'Univ. de Val., 234. - L'Ami des familles, iii, 345, art. de M. Jouve. - Sem. Relig. de Valence de décembre 1899, janvier et février 1900, art. de M. Mazet. - Bull. d'archéol., iii, 87 ; vii, 427. - Ed. Maignien, Dict. des anon., 921. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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