MARBOS (François)
MARBOS (François)), que l'on a dit né à Valence, naquit au Bourg-de-Péage, le 23 février 1739, d'autre François Marbos, marchand de cette ville, et de Madeleine Rochat. Entré dans les ordres après avoir étudié la théologie à l'université de Valence, il était curé du Bourg-lès-Valence quand éclata la Révolution, et l'enthousiasme avec lequel il accueillit celle-ci le fit alors élire maire par ses paroissiens, qui le chargèrent, en outre, de les représenter à l'Assemblée de Chabeuil. Peu de temps après (25 avril 1790), il devenait président de la Société des amis de la constitution de Valence et c'est encore lui qui célébra la messe au Champ-de-Mars, pour la fête de la Fédération (14 juillet 1790). Enfin, le 21 février 1791, il fut élu évêque constitutionnel du département de la Drôme, par 185 suffrages contre 120 donnés à l'abbé de Vaugelas, et, installé le surlendemain, il alla ensuite se faire sacrer à Paris. C'est le 3 avril 1791 que cela eut lieu, et six semaines après il adressa à ses diocésains une lettre pastorale dans laquelle se trouve le texte de celle qu'il avait écrite au Souverain Pontife, le 15 avril, pour lui faire part de son élection et demander " sa bénédiction paternelle ". Mais, comme partout ailleurs, son autorité ne fut guère acceptée que par ceux qui ne pratiquaient aucun devoir religieux ; aussi, de guerre lasse, il finit par renoncer à l'épiscopat le jour où les électeurs de la Drôme le chargèrent, lui cinquième, et par 278 suffrages, de représenter ce département à la Convention. " François Marbos a remis une montre d'or, sa croix épiscopale aussi en or et deux louis en argent, pour que l'Assemblée électorale en fasse l'emploi le plus utile pour les besoins de la patrie ", dit le procès-verbal de cette élection, qui eut lieu le 7 septembre 1792.
A la Convention, Marbos, différant en cela d'autres évêques constitutionnels, se tint à l'écart des terroristes et même leur résista dans une certaine mesure ; car, après avoir refusé de voter la mort du roi Louis XVI, - se contentant de la détention et du bannissement à la paix, - il signa la protestation des Girondins contre les journées du 31 mai et du 2 juin 1793, et c'est vraisemblablement lui qui avait auparavant inspiré, s'il n'en fut pas l'auteur, une protestation contre les violences des Jacobins, ayant pour titre : Les autorités constituées civiles et militaires et les citoyens libres de la ville de Valence, chef-lieu du département de la Drôme, aux représentants du peuple français réunis en Convention nationale, datée de Valence le 28 mai 1793, an second, mais imprimée à Paris chez Robert (in-4º de 3 pp.). Aussi fut-il incarcéré le 5 octobre suivant. Relâché le 8 décembre 1794, il reprit sa place à la Convention et fut élu membre du Conseil des Cinq-Cents, après la dissolution de la terrible assemblée. Or, au Conseil des Cinq-Cents, où son mandat lui fut en{117}suite continué par une double élection des départements de la Drôme et de l'Ardèche, son rôle fut encore plus effacé qu'à la Convention ; et, revenu à Valence tout à fait découragé, après l'expiration de son dernier mandat (mai 1797), il se refusa absolument à reprendre ses fonctions épiscopales, disant que personne ne le reconnaîtrait et qu'aucun prêtre digne de ce nom ne s'associerait à lui. Confiné dans la retraite, il demanda seulement à faire partie du Conseil de préfecture de la Drôme, lors de son organisation en 1800, et sa demande ayant été accueillie, il fut jusqu'à sa mort, arrivée à Valence, le 27 février 1825, un auxiliaire des plus utiles pour le préfet du département, ainsi que l'on peut s'en convaincre en lisant ce passage d'une note officieuse que Descorches de Sainte-Croix écrivait en 1810 : " M. Marbos est fort exact à remplir tous ses devoirs. C'est lui qui me supplée dans les fonctions de la préfecture, lors de mes tournées et de mes absences, et l'on ne peut s'en acquitter avec plus de zèle, de soins, ni plus à la satisfaction de tous. " Après quoi ce préfet ajoute : " Il est d'une moralité exemplaire et bien qu'ayant renoncé pour toujours à toute espèce de fonction de son ancien état, il conserve très exactement la décence extérieure. " Et de fait, l'ancien évêque constitutionnel de la Drôme, entré dans l'administration civile, eut, ainsi que le constate M. le chanoine Nadal, une conduite irréprochable, " bien qu'il n'ait explicitement rétracté ses erreurs et ne soit rentré dans le giron de l'Eglise que pendant la mission prêchée à Valence en 1819. "
BIBLIOGRAPHIE. - I. Lettre pastorale de M. l'Evêque du département de la Drôme, avril 1791. S.l. ; in-8º de 8 pp., qui donna lieu à un Dialogue entre un curé et le maire de sa municipalité sur la lettre pastorale de M. Marbos, évêque constitutionnel du département de la Drôme, que l'on saisit au mois d'avril 1793, chez le libraire Dumas, de Valence, et que nous ne connaissons pas autrement.
II. Lettre pastorale du 18 mai 1791. Valence, in-4º de 13 pp.
III. Un discours imprimé dans le Procèsverbal de la séance de vingt-deux sociétés, tant des amis de la Constitution que des surveillants, tenue à Valence, le 3 juillet 1791. S.l., in-4º de 6 pp.
IV. Mandement... pour le carême de janvier 1792. Valence, J. Aurel, in-4º de 7 pp.
V. Autre mandement. Valence, J. Aurel, s.d., in-4º de 18 pp.
#Biogr. Dauph., ii, 112. - Arch. Drôme, D et E, 8,377. - Rochas, Mém. d'un bourg., i, 53, 54, 254. - Réimpr. du Moniteur, xv, 254 ; xviii, 60 ; xxii, 585, 699. - Nadal, Hist. hagiol., 450.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
MANSELON (Victor-André-Bruno).htm <-- Retour à l'index --> MARC-AUREL (Joseph-Marc-Emmanuel).htm