LA TOUR (René II de)
LA TOUR (René II de)), marquis de Montauban, fils aîné du précédent, né très probablement dans les Baronnies, en 1620, n'avait que dix ans lorsqu'il fut nommé capitaine-châtelain de Saoû, terre domaniale aux portes de son château de Soyans, cette charge étant alors vacante par le fait de la mort de son père. Onze ans après (19 janv. 1641), il devenait capitaine dans le régiment de cavalerie du lieutenant général comte de la Motte-Houdancourt, avec lequel il alla en Catalogne où il fit campagne jusqu'au 8 août 1650, date à laquelle il abandonna sa compagnie à son frère Alexandre pour rentrer en France. Seulement, la nostalgie de la guerre l'ayant pris bientôt après, il leva alors un régiment à la tête duquel il retourna en Catalogne. La commission qui lui fut délivrée pour cela est du 8 janvier 1652, et ce n'est qu'à la paix, c'est-à-dire après sept nouvelles années de guerre, pendant lesquelles il prit part à toutes les opérations militaires de l'armée française, en Catalogne, et même commanda en second la cavalerie sous le duc de Candale et le prince de Conti, qu'il revint en Dauphiné, où il avait acquis l'année d'auparavant (15 mai 1658), la terre de Saoû. Quatre ans plus tard (28 fév. 1663), le roi lui donnait le gouvernement de Nyons ; mais Montauban, au lieu de prendre possession de sa charge, partit avec Coligny pour la Hongrie, allant au secours de l'empereur d'Allemagne contre les Turcs, et combattit notamment au passage du Raab et à St-Gothard, le 1er août 1664. Puis, le corps de troupes dont il faisait partie {78}ayant été rappelé en France, il leva au bout de quelque temps un nouveau régiment qui porta son nom comme l'ancien, et ce n'est qu'après cela qu'il se décida enfin à aller à Nyons, dont une partie de la population se porta à sa rencontre, pour lui faire fête, au mois de septembre 1666.
Créé brigadier de cavalerie, le 4 mai suivant, Montauban fut employé à ce titre dans l'armée de Flandre, contribuant à la prise de Tournay, à celle de Douai et à celle de Lille ; après quoi, il aida le prince de Condé à conquérir la Franche-Comté, ce qui n'empêcha pas son régiment d'être licencié encore après la paix ; seulement, il en leva un autre dès qu'il fut question d'une guerre contre la Hollande (9 sept. 1671), et fit campagne à sa tête, sous Condé, sous Turenne et sous Luxembourg ; il commanda en outre une brigade de cavalerie au siège de Crèvecœur, jusqu'au mois de juillet 1672, date à laquelle il fut nommé gouverneur de Nimègue et de Zutphen ; dans ce dernier poste, il se conduisit si bien que, lorsqu'il l'abandonna par ordre du roi, les habitants de la cité placèrent son portrait dans leur hôtel de ville. Elevé au grade de maréchal de camp, le 13 février 1674, le marquis de Montauban combattit ensuite à Senef (11 août 1676) où il fut blessé, puis, ayant été chargé de mener à Turenne huit bataillons de l'armée de Condé, se trouva à la bataille de Mulhausen (29 déc.) où, tout en contribuant dans une large mesure au gain de la journée, il fut fait prisonnier. Echangé, le 19 avril 1675, contre le colonel baron de Mercy, moyennant un supplément de rançon de 3,000 livres, qu'il dut payer, il fut chargé quelques jours après, par Turenne, de garder le pont qu'il avait fait construire sur le Rhin, à Altenheim. Il se montra digne de la confiance de cet illustre chef, car Montecuculli ayant voulu s'emparer de ce pont, pour couper la retraite à l'armée française, après la mort de Turenne, il contribua à l'importante victoire d'Altenheim, qui permit cette retraite, après laquelle notre vaillant général fut envoyé en Franche-Comté (14 juil. 1676), pour y commander en l'absence du duc de Duras. Six mois plus tard (5 janv. 1676), il était créé lieutenant général et, comme tel, envoyé en Sicile, sous le maréchal de Vivonne, qui le nomma gouverneur de Messine, ville dont il sut encore si bien se concilier les habitants, qu'ils lui donnèrent, au moment de son départ, une copie du fameux portrait de la Ste Vierge par S. Luc, qui fut conservée jusqu'à la Révolution, dans son château de Soyans. Or, il ne quitta Messine que pour aller à l'armée du Roussillon et devenir, aussitôt après la prise de Puycerda, gouverneur de cette place (mai 1678) ; il fut enfin nommé, le 10 janvier 1679, lieutenant général au gouvernement de Franche-Comté, charge considérable à laquelle on ajouta, le 30 novembre 1683, celle de sénéchal de Valentinois et Diois, qui était purement honorifique, toutes charges qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée à Besançon, le 19 juillet 1687, après 46 ans de services.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Eloge fvnèbre de René de La Tovr, marqvis de Montavban... par le P. François Pollet... Valence, chez Joffrey Mercadier... 1687, in-4º de 28 pp. - Rochas, ii, 38. - Decourcelles, Dict. des gén., 325 - Mém. de Turenne, ii, 626. - Pinard, Chronol. milit. - Arch. Drôme, E. 4079 et 4703.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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