DU PUY-MONTBRUN (Jean-Alleman)
DU PUY-MONTBRUN (Jean-Alleman)), fils du précédent, né comme lui, à Montbrun, probablement, n'avait guère que sept ans quand son père périt sur l'échafaud (13 août 1575) ; ce qui n'empêcha pas un certain nombre d'anciens lieutenants de ce dernier de l'opposer à Lesdiguières, lorsqu'il s'agit de remplacer Montbrun comme chef du parti huguenot en Dauphiné. Et c'est vraisemblablement à cause de cela que le roi de Navarre, partisan de Les diguières, fit secrètement enlever cet enfant, qui passa une grande partie de sa jeunesse à sa cour. Mais le fils de Montbrun n'en porta pas moins, à son tour, les armes, pour le compte du parti qui avait été celui de son père. C'est ainsi qu'il était, avec le sieur de Séras et quelques autres capitaines protestants cévenols, à la tête de 500 hommes, le 19 décembre 1587, date à laquelle il s'empara de Chirac en Gévaudan, et avec Lesdiguières, devant Puymore, au mois d'avril de l'année suivante. Il était encore avec ce dernier lorsqu'il s'empara de Grenoble sur la Ligue, le 25 novembre 1590, et Videl raconte même que, " touché d'un juste et naturel ressentiment de la mort de son père, décapité en cette ville,... il en méditait véritablement la vengeance, mais que le respect de la foy promise et la considération de Lesdiguières fut plus forte que son courroux. "
Vingt-un ans plus tard, Jean du Puy-Montbrun, alors capitaine de 50 hommes d'armes, était chargé, conjointement avec Chamier et quatre autres, de représenter les protestants du Dauphiné dans l'assemblée politique de Saumur (1611) ; l'an d'après, le roi lui fit don de 20,000 livres et le nomma conseiller d'Etat ; puis, le duc de Savoie ayant manifesté, en 1614, le désir de lever 2,000 hommes de troupes et quelques chevaux en Dauphiné, c'est lui que Lesdiguières dépêcha à la Cour, pour obtenir du roi l'autorisation nécessaire. On trouve ensuite ce personnage aux Etats généraux de 1615, où il s'opposa à la publication du concile de Trente et protesta, le 21 février, contre le rejet d'une proposition de la noblesse protestante, tendant au maintien des édits de pacification ; puis à l'assemblée politique de Loudun (1619), et, bien que le roi ait ajouté dans ce temps-là (février 1620), aux faveurs dont il l'avait déjà comblé, celle d'ériger pour lui, en marquisat, la terre de Montbrun, il ne craignit pas de prendre part à l'assemblée séditieuse de la Rochelle (décembre 1620 - mai 1621). Bien plus, cette assemblée, qui divisa la France en huit grands cercles ou commandements militaires, l'ayant chargé de soulever le Dauphiné et les provinces limitrophes, il rentra en toute hâte chez lui et, profitant de ce que Lesdiguières faisait alors le siège de Montauban, il leva audacieusement le drapeau de la révolte, s'intitulant " général des églises du Dauphiné et du Conseil d'icelles " ; et défendant ensuite à tous receveurs des deniers publics de les verser " à autre qu'au receveur général desdites églises " ; enfin, s'emparant des places de Mollans, Reilhanette, Puygiron et la Baume-Cornillanne. Instruit de cela, Lesdiguières écrivit de Montauban, à ce révolté, le 19 novembre 1621, une longue lettre, pour l'exhorter à rentrer dans le {288}devoir ; mais Montbrun, qui était alors à la tête de plus de 6,000 hommes, se mit au contraire en marche sur Grenoble, dont il se fut emparé sans un futile incident, et la révolte semblait devoir s'étendre, quand l'arrivée de Lesdiguières y mit fin. Montbrun était-il secrètement d'accord avec ce dernier dans toute cette affaire, comme on l'a prétendu ? Ce qu'il y a de certain, c'est que la présence de Lesdiguières dans la province suffit pour y rétablir instantanément la paix et faire, par cela même, déposer les armes à notre marquis, qui les reprit cependant, quelque temps après, pour aller en Languedoc se mettre aux ordres du duc de Rohan, qui le fit général de sa cavalerie. Mais là encore, son attitude ne fut pas des plus nettes ; car, après avoir quelque peu guerroyé dans les environs de Nîmes, il se retira dans cette ville, dont il trouva moyen de faire refuser l'entrée à Rohan, et fut ensuite chargé, conjointement avec le duc de Montmorency, du consulat mipartie. Il vivait encore, dit-on, en 1657.
#Biogr. Dauph., i, 347. - France prot., éd. Bordier, V, 937. - Arch. de la Lozère, C, 1353. - Dº de la Drôme, E, 4469. - Videl, Hist. de Lesdiguières, ii, 159, 222, 523. - Chorier, Hist. abr., ii, 231. - Bull. d'hist. ecclés., xvii, 41. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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