CREST (Silvion de)
CREST (Silvion de)), fils ou petitfils du précédent et vraisemblablement l'oncle d'un autre Arnaud de Crest, fils d'Aalmos, dame de Châteaudouble, qui corrobora par l'apposition de son sceau une donation faite à l'abbaye de Léoncel, par sa mère, en 1193, hérita d'une moitié de Crest et de la plupart des autres biens de sa famille, à ce que nous apprend un traité qu'Humbert, évêque de Die, fit avec la dauphine Béatrix et son fils le dauphin Guigues-André, le 1er octobre 1201. Il résulte, en effet, de cet acte par lequel l'évêque céda ses droits de suzeraineté sur les biens de Silvion de Crest au Dauphin, en échange de ceux de ce prince sur les châteaux de Montclar, du Monestier-Saint-Julien ou Beaufort, de Véronne et de Suze, que ledit Silvion était possesseur de deux fiefs, l'un compre{225}nant le château de Béton, le village de Saint-Benoît et des biens à Saillans, pour lequel il devait non seulement hommage à l'évêque, mais encore porter, en toute occasion, la bannière de ce prélat et le servir à table le jour de sa première entrée à Die ; l'autre comprenant le château de Saint-Médard, le village de Lambres, Divajeu et Crest. Seulement, il est bon de dire qu'il ne possédait, en réalité, qu'une moitié de la ville de Crest, l'autre moitié ayant été acquise, dès 1165, par les Poitiers, comtes de Valentinois, et, comme tout en étant de force à prélever des droits indus sur les passants, il n'était pas de taille à pouvoir lutter contre les Poitiers, c'est probablement par rancune qu'il appela, en 1217, Simon de Montfort à Crest, le comte de Valentinois étant partisan des Albigeois. En tout cas il l'y appela, et le chef de la croisade étant venu mettre le siège devant le château, s'en empara, grâce à une trahison, suivant certains auteurs, tandis que d'autres affirment, au contraire, qu'il y eut accommodement. Ce qu'il y a d'absolument certain, c'est que Silvion, toujours en quête d'alliances pour pouvoir résister à son puissant voisin, fit ensuite avec le seigneur de Montélimar, Lambert Adhémar, un traité aux termes duquel celui-ci s'engagea à lui donner sa fille en mariage, Silvion, qui n'était plus d'âge à pouvoir espérer avoir des enfants, promettant en retour de lui donner ses châteaux de Crest, Aoûste, Saint-Médard, Divajeu et la Rochette, sous la réserve de l'usufruit. La date précise de cet accord nous est inconnue, mais nous avons un acte du 2 avril 1225, par lequel Silvion de Crest, sur le point d'entreprendre un voyage en Angleterre, convint de proroger jusqu'au 2 novembre suivant l'exécution de la clause par laquelle le seigneur de Montélimar s'était engagé à lui donner sa fille en mariage. Cette dernière se refusait probablement à prendre un vieillard pour mari, et Silvion finit par comprendre lui-même qu'il avait mieux à faire que d'épouser une jeune fille ; car nous le trouvons engagé dans les ordres et doyen de la cathédrale de Valence, le 13 mars de l'année suivante, 1226, date à laquelle il céda tous ses droits sur Crest, Aoûste et Divajeu, à l'évêque de Valence, en échange de l'usufruit du château de Montvendre et de la terre de Beaumont-lès-Valence, plus une rente annuelle de 100 livres à prendre sur le péage de Valence et la somme de 32,000 sous pour le payement de ses dettes et certaines libéralités. Quatre ans plus tard (8 mai 1230), Silvion de Crest apparaît encore dans un acte intéressant l'abbaye de Saint-Ruf, après quoi il n'est plus question de lui, ni de sa race ; car il n'est guère possible, croyons-nous, de rattacher aux premiers seigneurs de Crest, une famille bourgeoise de ce nom, que l'on trouve établie à Vinay (Isère), en 1346 ; à Valence, où elle compta parmi les plus importantes, au xive siècle ; enfin, à Grâne, en 1440.
#Cart. de Léoncel, ch. 63. - Valbonnais, i, 121. - Cart. de Die, ch. 6. - Bull. d'archéol., xvi, 18 et suivant. - Brun-Durand, Le fieus de levesq, 5. - Arch. de l'Isère, B, 3519. - Arch. de la Drôme, E, 2139, 2465 et 2484. - Gall. Christ., xvi, 341. - Columbi, De reb. Valent., 54. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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