CLERMONT-CHATTE (Louis-Annet de)
CLERMONT-CHATTE (Louis-Annet de)), prélat dont la famille passait pour être une branche de la puissante maison de Clermont, issue d'un Geoffroy, troisième fils de Siboud II, vivant en 1189, était le fils puîné de François-Alphonse, baron de Chatte et comte de Roussillon, et de Claire de Morges, sa seconde femme, conséquemment le petit-fils de ce Charles de Clermont-Chatte, sénéchal du Puy et bailli du Velay, qui joua dans cette contrée un rôle considérable pendant les guerres de religion, et qui acquit les terres de Charpey et de Marches en Valentinois, par son mariage avec Anne de Lattier, fille et héritière de Claude, le 31 octobre 1615. Vraisemblablement né en 1660, il fut baptisé à Charpey, le 16 avril 1662, et, s'étant engagé dans les ordres, était docteur de Sorbonne et vicaire général de l'évêque de Tournay, lorsqu'il fut pourvu, le 25 décembre 1693, de l'abbaye de Landevenec, valant 4,500 livres de rente. L'an suivant et le 25 décembre encore, il fut nommé évêque de Laon, à la place de Jean d'Estrées, et, sacré en 1695, dans l'église des Feuillants à Paris, il obtint encore, presque aussitôt, l'abbaye de Saint-Valéry, qu'il échangea six ans après (1701), contre celle de Saint-Martin, valant 20,000 livres de revenu, ce qui fit de notre Dauphinois un prélat des mieux rentés, en même temps que le second duc et pair ecclésiastique du royaume.
Or, si ce prélat ne se distingua pas par des qualités transcendantes pendant son épiscopat, il se conduisit au moins de telle sorte qu'on a pu dire de lui, que la beauté de son âme répondait à celle de son corps. Ne trouvant rien à créer dans son diocèse, il améliora ce qu'avaient fait ses prédécesseurs, fit imprimer un missel et publia des ordonnances synodales et un catéchisme, qui subsistèrent jusqu'à la Révolution. A part cela, il se fit remarquer par sa charité, notamment pendant la disette de 1709, et si, dans la fameuse querelle touchant la constitution Unigenitus, il se prononça tout d'abord contre celle-ci, puis l'accepta et s'attacha ensuite à ménager tout le monde, en faisant entrer dans ses conseils et nommant aux bénéfices dont il disposait les prêtres les plus vertueux, sans s'inquiéter de leur opinion touchant la Bulle, on peut croire que ce fut moins par habileté que par grand amour de la paix. Car il n'était pas fait pour la lutte, ainsi que le prouve certaine anecdote racontée par le mordant Saint-Simon, qui ne lui pardonnait pas de s'être rangé du côté des non-appelants après avoir été du parti des appelants au Concile. Les Clermont-Chatte, nous l'avons {203}dit, prétendaient être une branche de la grande maison de Clermont-Tonnerre. Seulement, comme cette branche se serait séparée du tronc à une époque fort reculée, les Clermont-Tonnerre n'admettaient pas très volontiers cette communauté d'origine, et l'un de ces derniers, évêque de Noyon, dont la vanité nobiliaire a excité tant de moqueries, se trouvant avec un sien neveu et l'évêque de Laon, " en bonne compagnie, un jour qu'on parlait de sa maison, dit, en regardant son neveu : M. qui en est ; puis, se tournant vers M. de Laon : et M. qui s'en dit. Et le pauvre évêque de Laon resta confondu, sans répliquer un mot ", ajoute Saint-Simon, ce qui ne l'empêcha pas d'être fort regretté, lorsqu'il mourut, le 4 octobre 1721 ; et l'on est même allé jusqu'à dire que ses vingt-six ans d'épiscopat furent un " gouvernement dont la sagesse ne se démentit jamais. "
#P. Anselme, Hist. gén., viii, 932. - Arch. Charpey, GG, ii. - Arch. Dr., E, 247. - Saint-Simon, Mém., éd. de Boislisle. - Dangeau, Journ. - Devismes, Hist. de Laon. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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