CLERMONT (Antoine de)
CLERMONT (Antoine de)), baron de Montoison, petit-neveu du précédent et l'un des hommes marquants du parti catholique en Dauphiné, au temps des guerres de religion, était fils de Claude, sénéchal de Valentionis et Diois, et de Louise de Rouvroy-Saint-Simon, sa seconde femme, épousée en 1551. Il avait donc au plus 24 ans lorsqu'il prit pour femme Marguerite de Simiane, fille du célèbre baron de Gordes, alors lieutenant général au gouvernement de Dauphiné, qui l'employait depuis plusieurs années déjà, mais qui ne trouvant probablement pas suffisant cet apprentissage du métier de la guerre, l'envoya, dès qu'il fut devenu son gendre, à l'armée du roi, muni d'une lettre de recommandation pour le duc de Nevers (1er mai 1577). Seulement, comme il y alla avec son beau{200}frère d'Ourches et que celui-ci était de retour en Dauphiné le 30 août suivant, qui est la date de sa mort, on peut croire que Montoison revint avec lui. En tout cas, il ne put manquer de revenir pour la mort de son beau-père (21 février 1578), et c'est alors que Maugiron, le successeur de Gordes dans le gouvernement de la province, le fit lieutenant de sa compagnie d'hommes d'armes. Deux ans plus tard, Mayenne étant arrivé en Dauphiné avec mission d'y imposer la paix, Montoison fut chargé de lever un régiment, à la tête duquel il accompagna ensuite Mayenne au siège de la Mure, boulevard du parti huguenot dans les montagnes ; et là, il se conduisit vaillamment jusqu'à ce que, " blessé à la cuysse et à l'espaule ", il fut fait prisonnier, le 5 octobre 1580. Bien mieux, blessé et prisonnier, il trouva encore tellement moyen de servir les assiégeants, que l'historien protestant Videl estime que sa prise fut un malheur pour les assiégés ; car, à l'en croire, Montoison profita de la liberté relative dont il jouissait, pour acheter l'ingénieur qui dirigeait les travaux de défense, lequel poussa à la capitulation. Enfin, la Mure ayant été prise après six longues semaines de siège (6 novembre 1580), Montoison, rendu à la liberté et guéri de ses blessures, fut envoyé par Maugiron dans le Valentinois " pour y fere le guait de desa la Drôme, la peste estant au delà ", en d'autres termes pour y commander et tenir le pays en paix ; ce qu'il fit jusqu'en 1585, date à laquelle Mayenne, qui avait pu l'apprécier, le fit lieutenant de la compagnie d'hommes d'armes, levée pour son fils encore enfant, puis l'emmena avec lui en Guyenne et en Languedoc, où notre Dauphinois guerroya pendant quelque temps contre les huguenots. Revenu ensuite en Dauphiné, Montoison y devint gouverneur de Crest et commandant en Valentinois et dans les Baronnies, avec des pouvoirs tellement étendus, qu'ayant adressé un long mémoire à Mayenne, pour lui exposer les difficultés de sa situation dans un pays ruiné et dont les principales villes étaient encore au pouvoir des huguenots, celui-ci, après avoir répondu à toutes ses demandes le moins mal possible, lui écrivait de Lyon, le 9 novembre 1588 : " Je vous prie vous gouverner comme vous le verrés plus à propoz pour le service du Roy ", se disant ensuite son " plus affectionné et entièrement meilleur et assuré amy. " Cela n'empêcha pas le seigneur de Montoison de déserter le parti de la Ligue à l'avènement d'Henri IV, c'est-àdire que le lieutenant du roi en Dauphiné, d'Ornano, qui venait de s'entendre pour cela avec Lesdiguières, s'étant présenté sous les murs de Crest, le 20 septembre 1589, sommant notre gouverneur de reconnaître le nouveau roi, Montoison, après avoir quelque peu parlementé, lui ouvrit ses portes et fit ce qu'on lui demandait. Qui plus est, il tâcha ensuite d'amener son beau-frère d'Albigny, gouverneur de Grenoble pour la Ligue, à suivre son exemple ; mais celui-ci fut inébranlable, et c'est peut-être pour cela que Montoison retourna bientôt après en Languedoc, où le duc de Montmorency l'employa utilement contre Joyeuse, et tant et si bien que cet enragé ligueur finit par périr devant Villemur, à la suite d'un combat dans lequel il fut absolument battu par notre Dauphinois, le 19 octobre 1592.
Deux ans plus tard, Montoison, qui était alors un des bons lieutenants de Lesdiguières en Dauphiné, enlevait, de compagnie avec Peyraud, la place de Montluel, en Bresse, au duc de Savoie (novembre 1594) ; après quoi, s'étant retiré dans ses terres, il y mourut en 1597, étant alors depuis longtemps chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, et laissant six enfants, dont un fils, qui fut mestre de camp de cavalerie.
#Anselme, viii, 919, - Journ. du siège de la Mure, 10. - Videl, Hist. de Lesdiguières, i, 87. - Brun-Durand, Mém. d'E. Piémond, 110, 135, 182, 247, 284. - Bibl. Nat., mss. fr., 3320, p. 111. - J. Roman, Doc. sur la Réforme, 261. - Bull. d'Archéol., xvii, 378. - Hist. du Languedoc, ix, 227, 245, 250. - De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 422 - Arch. de la Drôme, B, 726 et E, 3869.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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