CLÉRIEU (Roger)
CLÉRIEU (Roger IV de), qui fut, au dire de Chorier, l'un des plus grands seigneurs du Viennois, était petit-fils du précédent et le fils d'un Silvion, qui, testant en sa faveur, le 12 février 1279, stipula qu'en cas de non exécution de certaines clauses, tous ses biens situés en Dauphiné iraient au roi de France. Mais il devait être un cadet qui ne recueillit l'héritage paternel qu'à cause de la mort de son frère aîné, attendu qu'il fut premièrement homme d'Eglise, ainsi que le prouve son intervention, en qualité de chanoine, dans les démarches qui aboutirent à la cassation par le pape Clément IV, le 13 octobre 1268, de l'élection de Guy de Montlaur au siège épiscopal de Valence. En tout cas, héritier de son père, il mit aussitôt fin à de gros différends qui avaient amené l'occupation du château de la Roche-de-Glun, par les officiers du Dauphin, son suzerain, à qui il fit hommage le 1er septembre 1280 ; puis, il rétablit, de concert avec la dauphine Béatrix de Savoie, le prieuré de Saint-Bardoux, sur le territoire de Clérieu, ruiné quelque temps auparavant par les troupes delphinales, et lui unit la maladrerie voisine de Beaumont ; après quoi il fut, suivant Guy Allard, du nombre des grands feudataires qui refusèrent de prêter hommage à la dauphine Anne et à son mari, Humbert de la Tour-du-Pin, après la mort du dauphin Jean Ier (octobre 1286), croyant le moment venu de reconquérir leur indépendance. Seulement, ce ne fut là de la part de Roger de Clérieu qu'un mouvement {197}d'impatience bien vite calmé, car, dixhuit mois après (15 juillet 1288), on le voit intervenir dans l'acte par lequel le dauphin Humbert Ier promit de donner une de ses filles en mariage au fils du comte de Valentinois ; un mois plus tard, il était témoin d'un traité que ce prince fit avec l'archevêque de Vienne et, témoignage irrécusable de son importance, nous ne pouvons rappeler ici tous les actes des Dauphins auxquels il prit part, à différents titres, jusqu'à la donation que le même Humbert Ier et la dauphine Anne, son épouse, firent de leurs Etats, à leur fils Jean, le 15 juin 1292. Indépendamment de cela, le comte de Valentinois, l'évêque et les chanoines de Valence, le sire de Beaujeu et d'autres choisirent souvent Roger pour arbitre, et les cartulaires de Léoncel et de Vernaison renferment de nombreuses preuves de la libéralité de ce seigneur de Clérieu envers ces deux monastères.
Il testa, le 18 juin 1303, dans la cour de son château de la Roche-de-Glun, faisant élection de sépulture dans l'église du monastère de Commercy (Vernaison), où étaient déjà inhumés sa mère et son aïeul paternel, léguant, entre autres sommes, cinquante livres aux pauvres des diocèses de Vienne et de Valence, pour le repos de l'âme de ses parents et de tous ceux de qui il aurait pu recevoir, à son insu, des biens sujets à restitution, - omnium aliorum a quibus aliquid habuimus vel recepimus minùs juste de quibus non sum memor - ce qui doit s'entendre des biens ecclésiastiques usurpés. Enfin, il partagea son héritage entre les trois enfants qu'il avait eus de son mariage avec Marguerite de Poitiers, fille du comte de Valentinois, Aimar II, donnant à Marguerite, sa fille aînée, femme d'Aynard de Saint-Quentin, une somme totale de 1,000 livres, en outre de ses nippes et joyaux estimés 250 livres ; autant aux enfants de Sibylle de Clérieu, son autre fille, femme de Guigues Alleman ; à Guichard, son deuxième fils, les château et mandement de la Roche-de-Glun, avec le péage de Confolens, et les châteaux et mandements de Châteaubourg et de Garauson, et tous les autres biens qu'il avait sur la rive droite du Rhône, à la charge de payer les dettes de ses père et mère à lui Roger de Clérieu, et celles de son grand-père et de son grand-oncle ; le reste à Guillaume Graton de Clérieu, son fils aîné.
#De Gallier, Essai sur... Clérieu, 57. - Gallia Christ., xvi, 315. - Chorier, Hist. gén., ii, 155, 163. - Guy Allard, Œuvres div., 279. - Valbonnais, ii, 25, 27, 52. - Duchesne, Hist. des comtes de Valentinois, 15. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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