ADHÉMAR (François de Castellane)
ADHÉMAR (François de Castellane)), comte de Grignan, neveu des précédents, et le fils aîné de Louis-Gaucher et de Marguerite d'Ornano, naquit à Grignan, où il fut ondoyé, le 15 septembre 1632, et baptisé seulement le 29 avril 1635. Musicien, amateur de tableaux et même rimeur agréable, il était avec cela bon soldat ; car, étant colonel du régiment de Champagne, en 1654, et capitaine-lieutenant des chevau-légers de la reine, en 1656, il se battit fort bien un peu partout et même se distingua. Est-ce là ce qui lui fit avoir la lieutenance-générale du gouvernement de Languedoc, en 1663, et le 29 novembre 1669, celle du gouvernement de Provence ? On en peut douter, mais il n'est pas moins vrai que cette dernière charge ne fut pas une sinécure pour lui ; attendu qu'ayant, en fait, le gouvernement de cette dernière province, le comte de Grignan eut à lutter, tout à la fois, contre le Parlement, contre l'évêque de Marseille et contre les Etats du pays ; et, si difficile que fût la tâche, il s'en tira fort bien, obtenant ce qu'il voulait sans blesser personne. Aussi, Louis XIV lui confia-t-ille gouvernement du Comtat Venaissin, lorsqu'il s'en fut emparé, et le fit, dans le même temps, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit (3 décembre 1688).
Dix-neuf ans plus tard, ce comte de Grignan, trois fois veuf et venant de perdre un fils que les Etats de Provence avaient tenu sur les fonts baptismaux, se consolait de ses malheurs en servant son pays d'une manière tout à fait remarquable. La Provence étant menacée par le duc de Savoie et le prince Eugène, au lieu de se retirer derrière la Durance, comme le lui conseillaient les timides, il rassembla, en effet, à la hâte, 4,000 ouvriers avec lesquels il répara les fortifications et fit un camp retranché, ensuite de quoi, une journée d'avance lui permit de gagner les hauteurs et de battre l'ennemi en détail. " Ce vieux Grignan nous a gagné de vitesse ", écrivait alors le duc de Savoie au prince Eugène. L'éloge mérite d'être rappelé et ce n'est pas le seul auquel ait droit le comte de Grignan ; car on sait qu'un hiver exceptionnellement rigoureux ayant fait périr, en 1709, les arbres et les récoltes dans le midi de la France, le lieutenant-général du gouvernement de Provence s'appliqua de tout son pouvoir à soulager les malheureux. " Il ne sera pas dit que j'épargne mes forces et ma vie en ces temps de tribulations et d'amertume, " disait-il. Or, Grignan avait alors soixante-dixsept ans et, détail à noter, il était depuis plus de quarante ans aux prises avec de grands embarras d'argent ; la {11}reconstruction du château de Grignan et surtout le train royal qu'il y menait l'ayant réduit à une telle gêne, qu'en 1690, il se vit obligé d'abandonner par anticipation deux années de ses gages de lieutenant-général.
Il mourut dans une hôtellerie, à Mazargues, le 30 décembre 1714, alors qu'il se rendait de Marseille à Lambesc, pour assister aux Etats du pays, et fut pleuré dans toute la Provence.
" C'étoit, dit Saint-Simon, un grand homme fort bien fait, qui sentoit fort ce qu'il étoit, fort honnête homme, fort probe, fort noble, en tout fort obligeant et universellement aimé, estimé et respecté en Provence, où, à force de manger et de n'être point secondé, il se ruina. "
Marié : 1º Le 26 avril 1658, avec Angéline-Claire d'Angennes, fille de la célèbre marquise de Rambouillet ; 2º le 7 juin 1666, avec Marie-Angélique du Puy-du-Fou ; 3º le 29 janvier 1669, avec Françoise-Marguerite de Sévigné, " la plus jolie fille de France ", comme l'appelait sa mère, qui trouvait, par contre, que son gendre abusait de la permission d'être laid, il ne laissa que deux filles : Blanche, qui était religieuse à Aix, et Pauline, femme de Louis de Simiane.
On sait que c'est auprès de son gendre que Mme de Sévigné finit ses jours, le 17 avril 1696, et c'est à cela que la ville de Grignan doit d'avoir une statue de la grande épistolière.
ICONOGRAPHIE. - I. Portrait gravé sur cuivre in-8º. Buste de 3/4 à G. 0,056/0,056. J.-J. Blaise, libraire, D.Ft. - II. Id. in-4º. Buste de 3/4 à G. dans un ovale de 0,065/0,050. Petitot, pinxit nº 3. Ceroin, sculpt. Publié par Blaisot. Imp. F. Chardon aîné. - III. Id. in-fol. Largillière, p. J. Lubin, sc.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Oraison funèbre de très haut, très puissant et très excellent François d'Adhémar de Monteil de Castellane d'Ornano, comte de Grignan, par le P. Tourel. Aix, 1715, in-4º.
#Etat civil. - Lacroix, L'arr. de Mont., iv, 349-371. - Pithon-Curt, iv, 40. - Lettres de Mme de Sévigné. - Inv. Morin-Pons. - Saint-Simon, xxii, 132. - P. Anselme. - Moréri. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
ADHÉMAR (Jacques de Castellane).htm <-- Retour à l'index --> ADHÉMAR (Jean-Baptiste de Castellane).htm